Association - Anne Jullien
Association
Miroir noir-2
comme si quelque chose d'inéluctable était en préparation,
en gésine derrière une nuit lourde, quelque chose
comme une mort annoncée
par les rêves et bien avant les rêves, le destin
je m'avance vers la falaise au-dessus du fjord,
la chaise en métal posée là au bord du Prekestolen
ne reste qu'à m'asseoir les pieds au sol mais le regard
happé
par les grands oiseaux qui me porteront vers le vide et le
vertige,
celui de toujours. Je suis ici-bas
et le bonheur à portée d'ailes
plane sans rémission au-dessus d'un gouffre
la nuit je cesse de respirer et mon corps me réveille en
sursaut
pour me rappeler le temps et les heures et que viendra le
jour
le moment où vivre
n'aura jamais eu ni sens ni goût
J'ai choisi d'associer ce poème à la musique « Le Onde » de Ludovico Einaudi car je trouve qu'elle représente bien le rêve. Une fois qu'on l'a entendu, on ne peut se souvenir de tout, et en même temps, la musique n'a pas de liaison, les mesures se suivent comme un rêve, comme une onde. Le poème d'Anne Jullien me fait penser à cette musique car il est à la fois fort et doux, les phrases sont longues et puis, tout à coup, un mot seul vient au vers suivant, c'est un peu la même chose pour «Le Onde », c'est fort et doux.