Aparté - Le jeu de l'amour et du hasard
Acte III scène 7
DORANTE, ARLEQUIN
Contexte : Discution entre Silvia et Dorante où ce dernier exprime les sentiments qu'il éprouve envers Silvia. Il se trouve alors à genoux et Monsieur Orgon et Mario entre dans la pièce mais ne disent mot.
DORANTE : Quoi ! Lisette, si je n'étais pas ce que je suis, si j'étais riche, d'une condition honnête, et que je t'aimasse autant que je t'aime, ton coeur n'aurait point de répugnance pour moi ?
SILVIA : Assurément.
DORANTE : Tu ne me haïrais pas, tu me souffrirais ?
SILIVIA : Volontiers mais lève-toi.
DORANTE : Tu parais le dire sérieusement ; et si cela est, ma raison est perdue.
SILVIA : Je dis ce que tu veux, et tu ne te lèves point.
DORANTE (à part) : J'en suis affligé, je l'aime éperdument mais ces paroles me touchent violemment. Si elle savait l'état où je me trouve... En raison de ce mensonge, elle ne peut m'aimer. Que dois-je faire, tout avouer ou laisser le temps s'évader et envisager de la perdre ? Mes peines sont si fortes, je suis oppressé par elle mais elle ne m'aimera pas et accable mon coeur de cette certitude-là.