Présentation - Un poète brésilien : Carlos Drummond de Andrade

Carlos Drummond de
Andrade (1902-1987) est considéré comme l'un des principaux poètes de la littérature brésilienne, par
l'influence et la portée de son œuvre.
Il est né le 31 octobre 1902 à Itabara, dans la province du Minas Gerais au
Brésil.
En 1923, il commence des études pour devenir préparateur en pharmacie.
En 1924 il rencontre Blaise Cendrars et Mario de Andrade et quelques autres figures en vue du
modernisme brésilien, lancé en 1922 à Sao Paulo.
A partir de 1926 il est journaliste. En 1928 naît sa fille Maria Julieta qui sera sa confidente jusqu’à
la fin de leurs vies, à quelques jours d’intervalle.
A partir de 1930, il commence à publier, d’abord à compte d’auteur. En 1934 il s’installe à Rio de
Janeiro où il travaille au ministère de l’ Éducation.
En 1942, première véritable publication de poésie. Il traduit
Thérèse Desqueyroux de François Mauriac et travaille à la direction de Patrimoine historique et
artistique.
Il traduira aussi les Liaisons
dangereuses et Albertine disparue de Proust. En
1975 il est lauréat du prix Brasilia de Littérature qu’il refuse pour des raisons politiques.
En 1983, dix-neuf de ses recueils de poésie sont rassemblés dans
Nouvelle réunion. Le 17 Août 1987, il meurt douze jours après le décès de sa fille
Homme de lettres engagé dans la vie publique et sociale, Carlos Drummond de Andrade est le plus grand poète du Brésil moderniste.
Homme de lettres engagé dans la vie publique et sociale, Carlos Drummond de Andrade est le plus grand poète du Brésil moderniste.
Également conteur et chroniqueur, il a laissé de nombreux recueils de nouvelles ainsi qu'une
correspondance avec Mário de Andrade, autre figure du modernisme brésilien.

AIMER
Que peut une créature sinon, entre créatures, aimer ?
aimer et oublier,
aimer et malaimer,
aimer, désaimer, aimer ?
aimer, et le regard fixe même, aimer ?
Que peut, demandé-je,
l'être amoureux,
tout seul, en rotation universelle,
sinon tourner aussi, et aimer ?
aimer ce que la mer apporte à la plage,
ce qu'elle ensevelit,
et ce qui, dans la brise marine,
est sel, ou besoin d'amour, ou simple tourment ?
Aimer solennellement les palmiers du désert,
ce qui est abandon ou attente adoratrice,
et aimer l'inhospitalier,
l'âpre, un vase sans fleur, un parterre de fer,
et la poitrine inerte, et la rue vue en rêve,
et un oiseau de proie.
Tel est notre destin : amour sans compter,
distribué parmi les choses perfides ou nulles,
donation illimitée à une complète ingratitude,
et dans la conque vide de l'amour la quête apeurée,
patiente, de plus en plus d'amour.
Aimer notre manque même d'amour,
et dans notre sécheresse aimer l'eau implicite,
et le baiser tacite,
et la soif infinie.
Que peut une créature sinon, entre créatures, aimer ?
aimer et oublier,
aimer et malaimer,
aimer, désaimer, aimer ?
aimer, et le regard fixe même, aimer ?
Que peut, demandé-je,
l'être amoureux,
tout seul, en rotation universelle,
sinon tourner aussi, et aimer ?
aimer ce que la mer apporte à la plage,
ce qu'elle ensevelit,
et ce qui, dans la brise marine,
est sel, ou besoin d'amour, ou simple tourment ?
Aimer solennellement les palmiers du désert,
ce qui est abandon ou attente adoratrice,
et aimer l'inhospitalier,
l'âpre, un vase sans fleur, un parterre de fer,
et la poitrine inerte, et la rue vue en rêve,
et un oiseau de proie.
Tel est notre destin : amour sans compter,
distribué parmi les choses perfides ou nulles,
donation illimitée à une complète ingratitude,
et dans la conque vide de l'amour la quête apeurée,
patiente, de plus en plus d'amour.
Aimer notre manque même d'amour,
et dans notre sécheresse aimer l'eau implicite,
et le baiser tacite,
et la soif infinie.
( Carlos Drummond de Andrade)
Statue de Carlos Drummond de Andrad à Rio de Janeiro
Article proposé par Ludmyla
élève d'origine brésilienne
qui vient de rejoindre les Premières L de l'Iroise à Brest