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Publié par Lilou D

 

Le livre intitulé Le bal des folles est un roman qui a été écrit par Victoria MAS en 2019 et qui est paru aux éditions Albin Michel.

 

Ce roman se passe à la salpêtrière de Paris (hôpital psychiatrique) durant toute l’année 1885. Eugénie, Louise et Thérèse sont toutes les trois des patientes de la salpêtrière pour différentes raisons ; l’une voit des fantômes, une autre a subi une agression sexuelle par son oncle et la dernière est une ancienne prostituée qui a poussé son souteneur dans la Seine. Quant à Geneviève, la quatrième héroïne du roman, elle fait le métier qu’elle a toujours voulu faire auprès du Docteur Charcot qu’elle admire tant, mais ce métier est loin d’être de tout repos.

 

Tout au long du roman, ces femmes aux caractères, aux âges et aux problèmes différents tissent des liens d’amitié très beaux et très forts. C’est une histoire très touchante qui nous permet d’en apprendre plus sur les conditions de vie des hôpitaux psychiatriques de l’époque et surtout les conditions de vie des femmes très peu écoutées et maltraitées.

 

 

Déclaration des droits de Louise, Eugénie, Thérèse et Geneviève par Lilou D

Homme, es-tu capable d'être juste ? C'est une femme qui t'en fait la question ; tu ne lui ôteras pas moins ce droit. Dis-moi ? Qui t'a donné le souverain empire d'opprimer mon sexe ? Ta force ? Tes talents ?

 

Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l'univers ; reconnais tes droits.

 

Les personnages féminins de romans, représentantes des mères, des filles, des sœurs, constituées en Assemblée internationale, ont résolu d'exposer, dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de la femme, afin que cette déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs.

 

En conséquence, l’Assemblée internationale des personnages féminins de romans reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l'Etre suprême, les Droits suivants de Louise, Eugénie, Geneviève et Thérèse, personnages du roman Le bal des folles de Victoria Mas.

 

 

Art 1. Toutes les femmes doivent avoir le pouvoir de dire non aux hommes lorsqu’elles ne sont pas consentantes pour n’importe quel rapport sexuel. Il est du devoir de l’homme de l’écouter.

 

Dans ce roman, Louise a premièrement subi une agression sexuelle par son oncle, ce qui l’a totalement traumatisée et a causé ses premières crises. Après ce drame, sa tante l’a prise également pour fautive et lui a fait vivre un enfer sans une once de pitié. Quelques années après, un interne qui promettait de se fiancer à Louise, profita de sa paralysie du côté droit pour recommencer ce que son oncle avait commis des années auparavant.

Ces deux passages m’ont énormément touchée parce que c’est un sujet qui est encore d’actualité, des viols ont lieu chaque jour à plusieurs endroits différents. De 1885 à aujourd’hui, les choses n’ont malheureusement pas beaucoup évolué, les victimes sont toujours blâmées ou décrédibilisées et les violeurs trop peu punis à mon sens.

 

 

Art 2. Dans le cadre professionnel, nul ne doit être inférieur à autrui en fonction de son sexe.

 

Dans ce roman, l’autrice met également en avant l’une des infirmières en chef, Geneviève. On voit dans plusieurs passages du livre, lorsqu’elle assiste à des rendez-vous entre médecins ou avec Charcot ou Babinski qui examine les patientes, qu'elle se tait, qu'elle reste en retrait malgré les nombreuses fois ou elle aurait apprécié donner son avis.

Il y a un passage qui m’a marquée, c’est lorsque Babinski observe pour la première fois Eugénie, celle ci lui tient tête puis qui est envoyée de force par des médecins à l’isolement. A ce moment-là Eugénie crie à l’aide à Geneviève et celle-ci ne fait rien non pas par manque d’envie, mais par peur de se prendre une réflexion voir de se faire virer. La dernière phrase de ce passage le prouve : " Les hurlements s'éloignent peu a peu au fond du couloir, e la gorge de Geneviève se serre. " ( p.122 ) Cela nous montre que ça l'a affectée de se sentir impuissante face aux hommes présents.

De même que pour l’article précédent, l’infériorité des femmes dans le milieu professionnel est toujours d’actualité notamment au niveau du salaire. Toute femme et tout homme doit se sentir libre d'exercer le métier qu'il veut.

 

 

Art 3. Chacun doit se sentir libre de croire ou non au surnaturel sans être condamné ni jugé. Voir des êtres surnaturels tels que les défunts, ou les entendre, n’est pas un crime qui justifie un emprisonnement ou un jugement tant qu’il n’y a pas de prosélytisme. La liberté de croyance est ouverte à toutes les croyances.

 

Dans ce roman, Eugénie, une jeune femme, voit des fantômes depuis ses 12 ans. Le premier qui lui est apparu est celui de son grand-père décédé. De son jeune âge et de son innocence sûre d’elle et heureuse elle le dit à tout le monde puis  se rendit compte que personne à part elle le voyait. Et depuis ce jour lorsqu’elle en aperçut ou qu’elle en entendit elle ne dit plus rien, elle devint absente un petit moment, mais personne ne le remarqua excepté sa grand-mère.

Un jour, lorsqu’elle couchait sa grand-mère, son grand-père revint et lui dit que le collier perdu de sa grand-mère était caché sous un des placards de sa commode puis elle partit tout de suite le chercher. Le trouble que ressentit Eugénie à ce moment était inévitable et sa grand-mère insista pour savoir ce qui se passait une bonne fois pour toutes puisque ce n’est pas la première fois qu’elle la voyait comme ça. Eugénie décida de lui faire confiance et lui expliqua tout, les jours suivant rien ne se passa jusqu’à ce que son père lui propose pour la première fois d’aller se promener avec lui et son frère, promenade qu’eugénie accepta. Mais ce n’était qu’un prétexte pour finalement l’envoyer à la Salpêtrière contre son gré.

Je trouve ça aberrant que son propre père l’envoie sans aucun scrupule et sans la moindre tristesse dans une prison pour les « fous » alors que sa file ne présente aucun signe d’idiotie. Et le pire pour  moi c'est qu'il ne veut pas la voir revenir puisque pour lui c'est impossible qu'elle guérisse : " Très sincèrement, je ne m'attends pas à ce qu'elle guérisse. Les idées mystiques ne se soignent pas. " ( p.79 ) Voila la réponse qu'il donne à Geneviève lorsqu'elle lui demande ce qu'ils pensaient que les docteurs pourraient faire pour Eugénie. Dès le début, sa relation froide avec son père m’a fait beaucoup de peine pour elle, mais une fois qu’il l’emmena à la salpêtrière je me rends compte que la place de la femme dans la société est une place de soumise ou rien.

Déclaration des droits de Louise, Eugénie, Thérèse et Geneviève par Lilou D

 

Art 4. Toutes les citoyennes se doivent d’être solidaires entre elles. C’est à plusieurs que l’on est plus forte.

 

Les exemples de solidarité entre les héroïnes de ce roman sont nombreux. Dès le début les femmes enfermées dans cet endroit savent qu’elles vont y rester un bon moment et y rester ensemble alors chacune cohabite de manière respectueuse, elles s’entraident et se soutiennent.

Celle d’entre elles qui a pour moi été la plus solidaire, c’est Thérèse. Thérèse est la doyenne de cet hôpital, elle y est depuis au moins 20 ans et ne le quitterait pour rien au monde. En tant que doyenne, elle a toujours protégé ces jeunes filles en les écoutant, en s’intéressant à elles, en leur tricotant toutes sortes d’écharpes ou de châles, c’est un peu la maman du groupe.

J’ai regardé le film sorti récemment sur ce livre et la réalisatrice décide mettre encore plus en avant ce côté solidaire Thérèse. Le soir du bal lorsque Louise se fait violer par Jules qu’elle pensait être son futur mari, personne ne la retrouve, dans le livre, à part une infirmière deux jours plus tard. Et bien dans le film, une jeune folle vient voir Thérèse en lui disant que Louise a disparu et que c’est suspect. De là Thérèse comprends vite ce qu’il se passe, cherche Louise partout et la retrouve elle et Jules, de là elle insulte Jules et lui met une gifle, puis se sauve avec Louise. Je trouve que cette version pour ce moment là est mieux puisqu’elle prouve une fois de plus que tout le monde pouvait compter sur quelqu’un pour l’aider.

Il y a d’autres exemples qui sont très touchants également comme Geneviève qui aide Eugénie à s’échapper, elle a pris le risque de se faire enfermer pour la liberté d’Eugénie. La solidarité présente dans ce livre est très marquante, c’est un des seuls bons côtés pour ces femmes enfermées ici contre leurs volontés souvent pour des choses sans vraiment de sens. Elles trouvent du réconfort les unes avec les autres et c’est magnifique !

 

 

Art 5. Les hommes se doivent de traiter les femmes comme leurs égales et non comme des êtres inférieurs ou des objets.

 

Le thème principal de ce livre, de probablement chacun des livres que nous avons lus et de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, est la place des femmes dans la société, et ce, partout dans le monde. Être une femme n’a jamais été facile puisque la majorité voire toutes les sociétés sont des sociétés d’hommes qui se sont pour la plupart toujours crus supérieurs aux femmes.

Dans ce livre, on voit que Geneviève n’est pour Charcot que sa bonne à tout faire, Louise pour Jules n’est qu’un objet dont il peut faire ce qu’il veut sans son consentement, Eugénie est le souffre-douleurs de son père qui exerce une énorme pression sur elle jusqu’à ce qu’il décide de l’envoyer à la salpêtrière et enfin Thérèse est également enfermée à cause d’un homme qui la trompait et la maltraitait sans arrêt, un homme aurait jeté une femme commettant les mêmes atrocités que lui n’aurait pas écopé de la même peine et n’en aurait peut-être eu aucune.

Malheureusement ce livre, comme tous les autres de cette lecture cursive, reflète la vérité. Même si les femmes ont bien plus de droits, c’est parce que nous nous sommes battues sans arrêt pour les avoir et encore aujourd’hui on se bat. Ce livre m’a fait prendre conscience de la chance que j’ai de vivre à cette époque ou les choses ont beaucoup évolué, il reste évidemment des inégalités hommes femmes, mais pas autant qu’autrefois grâce au combat de toutes ces femmes et que peut-être un jour cette égalité existera, je l’espère.

 

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