Cas de conscience de Madame de Rênal par Marie

Passage qui va être enrichi : Partie I – Chapitre 9 - Page 72

Passage qui précède le monologue :

« Après un dernier moment d’attente et d’anxiété, pendant lequel l’excès de l’émotion mettait Julien comme hors de lui, dix heures sonnèrent à l’horloge qui était au-dessus de sa tête. Chaque coup de cette cloche fatale retentissait dans sa poitrine, et y causait comme un mouvement physique.

Enfin, comme le dernier coup de dix heures retentissait encore, il étendit la main, et prit celle de madame de Rênal, qui la retira aussitôt. »

Les mains représentent celles de Julien et Madame de Rênal.

LE MONOLOGUE

Dois-je me laisser guider par mon désir

au point de commettre un acte jugé immoral ?

Madame de Rênal :

« Me voilà assise entre ma chère amie et un être qui m’attire tant. Celui-ci me saisit la main sans que je m’y attende. Surprise je suis parcourue par un frisson. Je la dégage d’emblée sans réfléchir. Le geste de Julien me rend confuse et honteuse, je n’ai jamais pris la main d’un homme autre que Monsieur de Rênal ou celle de mon père. Tout d’un coup ce jardin qui me paraissait grand devient tout petit voire étroit comme si Julien y prenait toute la place. Je n’ai cessé de me perdre ces dernières heures dans ses yeux si sombres. Son regard intense me transperce à chaque fois que je le croise. Je ne sais pourquoi, mais ce jeune homme m’obnubile.

Malgré le fait que j’admire le précepteur de mes enfants, je suis mariée et assez éduquée pour savoir que la tromperie est un acte immoral. C’est pourquoi je suis partagée entre le désir et la loyauté. Après tout, ce n’est qu’un simple geste et mes sentiments pour Julien ne font que grandir. Je souhaiterais bien me laisser faire et tenir la charmante main du jeune homme à mes cotés.

Le vent qui décolle une mèche de mon visage me ramène à la raison: il faut que je prenne une décision. Me laisser entraîner par le jeu de séduction de l’homme qu’a embauché mon mari me tente mais le fait de me dire que cette conduite m’est interdite me rend indigne. J’aime Monsieur de Rênal et je n’envisage pas de commettre un acte qui le rendrait malheureux et furieux.

Il compte beaucoup pour moi et je suis très reconnaissante envers lui. Cependant, je crois avoir des sentiments pour Julien. L’amour est plus compliqué que ce que j’imaginais depuis le début de ma relation avec le monsieur de Rênal.

La tentation est forte et je crois que le désir m’envahit. Je compte bien répondre à l’attirance que j’éprouve envers Julien. S’il me reprend la main, je ne déclinerai pas son geste. »

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