Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Pages

Archives

Publié par Lisa

Juste la fin de la pièce II, 4 par Lisa

 

Scène 4

 

                                                                                                                           

 

ANTOINE. - Tu n’as que ça à répondre,

      "Je ne les ai pas entendus",

      tu nous accordes donc si peu d’importance,

      toi le grand écrivain,

      tu ne sais pas parler !

      Quelle ironie,

      le grand Louis ne sait pas s’exprimer devant les siens !

      Nous ne sommes donc qu’un fardeau pour toi,

      qui ne mérite même pas tes sages paroles…

 

LOUIS. - Arrête, Antoine,

       tu as tort,

       vous n'êtes pas mon fardeau,

       oui tu as tort,

       tu te trompes..

 

ANTOINE. - Non, je refuse ,

       d' entendre encore ton discours,

       d’écouter tes mensonges,

       tu n’as pas le droit de revenir sans un mot,

       en nous exposant ta supériorité,

      qui est telle que tu ne peux nous répondre que par ton sourire niais..

 

LOUIS. - Maintenant tu arrêtes,

     ça suffit, 

     je ne suis pas ton ennemi, 

     alors arrête de me considérer comme tel !

     Je me tais,

     je reste en silence,

     car vous n'avez pas pu exprimer votre colère légitime,

     durant toutes ces années... et j’en suis navré.

    Aujourd’hui je suis là,

    et j'essaye de vous dire,

    de dire,

    seulement dire,

    d’annoncer...

 

ANTOINE. - Non,

        je refuse de t’entendre,

        de t’admirer,

        je refuse de savoir quelque chose sur toi,

        quelle qu'elle soit,

        tu m'es étranger,

        tu nous es étranger,

        nous ne te connaissons pas,

        tu nous es inconnu.

        

LOUIS. - …..ma..ma mort.

                                                        

SUZANNE. - Quoi?

       Tu nous fais marcher,

       tu n'es pas sérieux?

 

ANTOINE. - Laisse-le,

       il fait l’intéressant.

 

CATHERINE. - Antoine!

      Laisse le parler,

     tu ne veux laisser parler personne.

     Il allait parler.

       

LA MÈRE. - Il plaisante,

      hein, Louis, pas vrai, 

      tu plaisantes ?

 

LOUIS. - Non, maman,

     je ne plaisante pas,

     je suis malade,

     je suis souffrant,

    ma mort approche,

    je vais mourir,

    incessamment sous peu.

   Je suis venu aujourd’hui pour vous l’annoncer,

   vous annoncer ma mort certaine,

   et inévitable.

  Je suis venu l’annoncer moi-même,

  en être l’unique messager,

  et paraître pouvoir là encore,

  décider,

  me donner et donner aux autres,

  à vous,

  à toi,

  à elles, 

  à Catherine, que je ne connais malheureusement pas,

  ou plutôt que je n’ai pas voulu prendre le temps de connaître,

  me donner et donner aux autres,

   une dernière fois l’illusion,

  car ce n'est qu’une illusion,

  d'être responsable de moi-même et d'être,

  jusqu’à cette extrémité,

  mon propre maître.

  Je suis conscient de mon égoïsme, 

  de revenir dans vos vies,

  pour vous annoncer que je n’y serai plus.

  Je suis tiraillé par cette frustration,

  je regrette de vous avoir mis de côté,

  je vous ai rejeté,

  pour fuir mon passé,

  notre passé,

  nos souvenirs,

  notre vie.

  Pour me libérer de ces douleurs, 

  de ces plaies,

  qui m'empêchaient de vivre,

  d’exister,

  pour cela je vous ai délaissé,

  j’ai fait le choix,

 de me choisir,

 plutôt que vous.

 Mais maintenant,

 il est trop tard,

 je ne pourrai jamais expier

mes fautes,

 le temps me manque,

 ma mort approche,

 il est trop tard...

 

SUZANNE. - Non, 

      je refuse,

      Louis,

      je..

      je..

      je t’aime!

      on t’aime..

      il n’est pas trop tard,

      profitons ensemble du temps qu’il te reste,

      rattrapons avec le peu de temps qu’il nous reste,

      ce qu’on n’a perdu..

      je t’en supplie,

      reste..

 

LOUIS. -  Ô Suzanne, 

     moi aussi je t’aime, 

     je regrette tellement,

     de ne pas avoir pu être là pour toi,

     je n’ai pas su tenir mon rôle de grand frère,

     d’homme de la maison,

     de figure paternelle,

     suite à la mort de notre père...

   

 SUZANNE. - Ce n'est pas grave, 

         cela n’a plus d’importance maintenant,

         dis-lui, Antoine!

 

ANTOINE. - Je..

        je ne sais pas..

        je ne sais plus..

 

CATHERINE. - Antoine! 

          Non ne pars pas,

          ne t’enfuis pas..

          reste, 

          je t’en prie..

 

LOUIS.- Ne pleurez pas, Catherine,

     laissez-le..

 

CATHERINE. - Ô Louis,

          cela est si injuste,

          mais gardons le temps qu’il nous reste,

          ensemble,

          pour se connaitre,

          pour rattraper le temps perdu..

    

LOUIS. - Oui Catherine,

     ne vous tourmentez point à ce sujet.

     Maman,

     tu ne dis rien..

 

LA MÈRE. - Ma tristesse est sans voix,

       je refuse de te perdre,

       toi mon fils aîné.

       Je t’aime,

       et je n’ose imaginer ta douleur..

       Je t’en prie,

        reste..

 

LOUIS. - Si vous voulez bien de moi,

     de l’homme égoïste que je suis,

     je resterai.

    Finalement,

    je mérite sûrement ce qu’il m’arrive..

 

LA MÈRE. - Non !

       Je t’interdis de dire ça !

       

SUZANNE. - Louis tais-toi !

       Ne gâchons pas le temps qu’il nous reste,

       il est si précieux..

 

LOUIS. - D'accord Suzanne,

       excuse moi..

       et pour Antoine?

 

LA MÈRE. - Il reviendra,

       ne te préoccupe pas de ça,

       c'est sa façon à lui d'évacuer..

 

LOUIS. - J'espère qu'il reviendra vite..

       Suzanne,

       Maman,

       Catherine et Antoine..

       je vous aime,

       j'espère de tout mon cœur,

       que vous me pardonnerez un jour mes longues absences,

       si vous saviez comme je regrette.. 

 

LA MÈRE. - Nous t’aimons et nous te pardonnons,

       maintenant mettons à profit le temps qu’il nous reste.

 

 

                            Louis cherche Antoine et finit par le trouver.

      

LOUIS. - Antoine?

      Antoine,

      ne pleure pas..

 

ANTOINE. - Je ne pleure pas !

        Enfin..

        je ne sais pas,

        je ne sais plus..

        J’ai été horrible avec toi aujourd’hui,

        car je savais au fond de moi,

      au plus profond de mon cœur,

      qu’aujourd’hui était notre dernière rencontre..

      tu vas mourir avec cette image de moi,

      d’homme brutal,

      d’homme mauvais..

      mais vu que tout le monde le pense,

      je le suis sans doute..

 

LOUIS. - Non, Antoine,

     tu ne l’es pas,

     tu es tout le contraire,

     tu es un fils aimant,

     un frère présent,

     et même un mari et un père.

     Ce que je n'ai justement jamais été..

     Toi mon petit frère,

     tu es bien plus que moi,

     par ma faute,

     par ma lâcheté,

     tu as dû être tout cela à la fois.

     Pardonne-moi de t’avoir pris ta liberté et de ne t’avoir cédé que mes devoirs. 

     Je n’ai pas été le frère que tu mérites..

 

ANTOINE. - Je me sens si seul,

      j’ai tellement peur que tu ne nous aimes pas,

     que tu ne m’aimes pas,

     tu sais parfois je pleure,

     en pensant que je ne fais pas partie de ta vie,

     que la mienne ne t’intéresse pas,

     car elle est bien trop banale.

     Je t’admire et je t’envie,

     j’envie ta liberté,

     mais elle me fait peur,

     serai-je capable de supporter la solitude,

     d’être le seul responsable de mes fautes,

     moi qui ai la mauvaise habitude,

     de me cacher,

     de me déresponsabiliser..

     J’aimerais tellement t’avoir à mes côtés,

     t’avouer mes peurs quotidiennes et celles plus enfouies,

     que tu me conseilles.

     Je voudrais retrouver notre relation fraternelle,

     tout savoir de toi,

     que tu saches tout de moi, 

     que tous les trois,

     toi,

     Suzanne,

     moi, 

     nous nous serrons les coudes pour affronter,

     pour combattre ensemble,

   tous les obstacles de nos vies;

   Mais aujourd’hui,

   quand enfin une lueur d’espoir apparaît,

   nous apprenons ta mort prochaine et irrémédiable...

   Louis ?

 

LOUIS. - Oui, Antoine?

 

ANTOINE. - Je t’aime.

 

LOUIS. - Moi aussi mon frère,

     si tu savais comme tu m’as manqué.

     Je sais que le peu de temps qu’il nous reste ensemble,

     ne suffira pas mais je tiens à le savourer avec toi.

 

ANTOINE. - Alors,

       qu’attends-tu mon frère,

       partons savourer chaque secondes restantes.

 

Juste la fin de la pièce II, 4 par Lisa

J'ai voulu exprimer avec ce texte, tout d'abord, le fait que Louis a pris sur lui, tout le temps de cette journée, pour laisser exprimer la colère légitime de son frère et de sa sœur en particulier, mais qu'il finit par ne plus arriver à contenir le terrible secret qui le ronge et dont il attendait le moment idéal pour s'en libérer.. mais existe t-il vraiment un moment idéal pour annoncer sa propre mort?

Ensuite la tirade de Louis exprime ses peurs, ses regrets, la vérité tout simplement sur ce qu'il ressent au fin fond de son cœur, ce qui le libère de sa propre part de ténèbres en lui faisant face.

De surcroît, malgré la haine qu'éprouve Antoine, l'amour qu'ils ressentent l'un pour l'autre a pris le dessus. J'ai tenté de faire ressortir les véritables sentiments et peurs de chaque personnage, car cette œuvre parle de la difficulté de communiquer avec sa propre famille. a la fin de ma scène, Louis et Antoine ont réussi à purifier leurs passions par l'art d'exprimer leur colère et leur amour, par catharsis, ils se sont libérés de leurs cages, qu'ils avaient eux-mêmes conçues.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article