Essai de conversation par Lou et Mélanie
Vous avez le mérite d'avoir une vision des choses en avance pour votre époque et ça se ressent, je pense que c'est grâce à ça que vos livres sont toujours autant prisés de nos jours.
Hélas vous avez connu la peste, mais nous, nous sommes en pleine crise sanitaire depuis plus de 9 mois. Un virus s'est développé et s'est répandu dans le monde entier. On ne compte plus nos morts. Nous nous protégeons du mieux que nous pouvons mais c'est dur de garder l'espoir que cela prenne fin un jour. Comme quoi ce n'est pas le fait d'être dans le futur qui fait que nous pouvons échapper à ce genre de choses.
Conversation imaginaire
entre Michel de Montaigne et Laurent Gaudé
Laurent Gaudé, après avoir remonté le temps jusqu'au 16ème siècle, se retrouve face à Michel de Montaigne dans sa bibliothèque, ils s’apprêtent alors à parler de leurs œuvres : Des cannibales et Des coches de Montaigne lu par Gaudé et Eldorado de Gaudé lu par Montaigne.
MONTAIGNE : Enchanté, Gaudé, j’espère que le voyage dans la machine à remonter le temps s'est bien déroulé et n'a pas été trop éprouvant. Je vous invite à prendre place ici, dans ma bibliothèque dans laquelle j'ai écrit toutes mes œuvres et pourquoi pas discuter de nos écrits ensemble. J'ai lu avec attention votre roman Eldorado et je peux dire qu'il m'a fortement intrigué, cette façon de narrer est surprenante. Je voudrais vous poser quelques questions le concernant.
Premièrement, pourquoi avez-vous choisi ce titre et pas un autre ? "
GAUDE : Enchanté également et merci de m'accueillir ici dans ce lieu chargé d'histoire. J'ai moi aussi aimé lire vos essais. Le voyage s'est bien passé, ça a été d'une rapidité extrême. En effet, j'ai essayé de montrer l'espoir des émigrés à atteindre une vie meilleure, un espoir dont certains abusent. Pour vous répondre, je vais d'abord vous définir l'eldorado : c'est le lieu rêvé de toute personne émigrante, le rêve de toute une vie. Un lieu où la richesse de la nature abonde et où il fait bon vivre. J'ai choisi ce titre car dans ce livre, je retrace l'aventure d'un jeune homme qui souhaite une vie meilleure et trouver son eldorado malgré les difficultés qu'il rencontre.
A mon tour, je souhaite vous poser des questions, et pour commencer, pourquoi avez-vous écrit ces ouvrages ?
MONTAIGNE : Et bien comme vous le savez très bien, nous ne sommes point du même siècle, et moi humaniste du 16ème, l'époque dans laquelle je vis n'est point aussi développée que la vôtre. Le peuple a besoin de connaissances et la seule solution est de les chercher dans la lecture. C'est pourquoi grâce à mon savoir dû aux voyages que j'ai fait, j'ai raconté les différentes cultures que j'ai rencontrées pour leur donner les connaissances qui leur manquaient.
Suite à la lecture de votre ouvrage, j'ai trouvé très originale la façon dont il a été construit. Pourquoi ce choix ?
GAUDE : Très bonne remarque ! J'ai choisi de procéder de cette manière parce que j'aime me démarquer des autres auteurs et faire questionner mes lecteurs. C'est une façon de suivre deux histoires qui ne sont d'abord pas très liées, pour les connaître au fur et à mesure pour qu'enfin, celui qui les lit, ait hâte de trouver le moment où elles se rejoignent et se mélangent.
Vos choix d'écriture m'ont beaucoup plu, pouvez-vous me dire pourquoi ces procédés et pas d'autres ?
MONTAIGNE : Et bien, je trouve que raconter ce que j'ai vu aux autres leur apporte beaucoup. Cela leur permet d'élargir leur culture générale et donc connaître le monde d'une autre manière dont laquelle ils l'imaginent. La description de mes voyages les plonge directement au fin fond de ce que j'ai pu observer et leur permette de comprendre ce que je leur raconte. Mon but est d'enrichir les autres sur des thèmes particuliers qui me porte à cœur.
Pensez-vous que les deux chapitres de mes essais que vous avez lu soient encore d'actualité aujourd'hui ?
GAUDE : C'est un grand OUI ! Même si les choses ont évolué et qu'elles sont connues pour beaucoup de monde, la difficulté est toujours là. Il y a toujours des familles immigrées qui essaient de se faire toujours plus intégrer au sein de la société, malheureusement, les gens n'essayent pas de les comprendre et de les aider. Je pense que la peur de découvrir de nouvelles cultures et de les partager est très présente, ce qui explique ce refus de compréhension auprès des communautés. Pourvu que cela change et que bientôt toute culture soit comprise et aidée.
J'aimerai bien connaître votre réponse à pourquoi faut-il respecter les cultures autres, vous qui avez tant voyager ?
MONTAIGNE : Selon moi chaque culture a ses façons de communiquer, d'agir ; et ce sont des usages dont on ne peut juger car chaque culture est différente l'une de l'autre. Il y aura toujours des différences lorsqu'on les compare, et c'est grâce à elles que nous sommes si riches de connaissances. Alors pourquoi les dénigrer quand la nôtre n'est peut être pas comprise par tous mais acceptée malgré tout. Nous sommes tous égaux et chacun se comporte comme il le souhaite.
MONTAIGNE : Dans les chapitres réservés au voyage du jeune émigré "Soleiman", pourquoi l'avoir séparé de son frère pendant ce périple ? "
GAUDE : " Et bien, pour beaucoup d'émigrés, l'abandon des choses et des personnes auxquelles on tient est souvent un passage obligatoire. Ils sont obligés de continuer sans ce soutien important et c'est pourquoi j'ai voulu le montrer et faire ressentir cette douleur à travers la lecture.
Si vous deviez ne retenir qu’une phrase de mon livre, laquelle ce serait et pourquoi ?
MONTAIGNE : C'est une bien belle question que vous me posez là. A choisir, je dirai " Aucune frontière ne vous laisse passer sereinement. Elles blessent toutes.". Je trouve la puissance de la phrase telle, qu'elle m'émeut énormément. On ressent la tristesse, la colère, l'effroi. Selon moi c'est la phrase qui représente l'œuvre dans sa totalité."
GAUDE : Votre réponse me plaît ! C'est exactement celle que j'aurais choisie à votre place. Je pense même que c'est celle que je veux que mes lecteurs retiennent.
Qu'avez-vous pensé de mon roman en général ?
MONTAIGNE : Je trouve que cette façon de nous surprendre avec ce maniement entre chaque chapitre est passionnant. Je vous avoue ne pas avoir pu m'arrêter de lire avant d'arriver à la dernière page. Et puis je trouve cette mentalité futuriste est incroyable !
GAUDE : Je suis flatté ! Recevoir ce commentaire de la part d'un écrivain humaniste qui a marqué l'histoire de la France ! Je ne peux recevoir meilleur compliment, merci beaucoup ! J'ai moi aussi, comme je vous l'ai déjà dit aimé lire vos essais, je les ai trouvés passionnants. L'un des moments qui m'a le plus marqué est lorsque vous avez décrit la façon dont "les sauvages" traitaient leurs ennemis capturés, en faisant référence au cannibalisme. Chez moi au 21ème siècle, cette pratique est très peu répandue, seuls les derniers peuples indigènes pratiquent encore cela mais sûrement pas autant qu'à votre temps. Vous avez le mérite d'avoir une vision des choses en avance pour votre époque et ça se ressent, je pense que c'est grâce à ça que vos livres sont toujours autant prisés de nos jours.
Cela faisait maintenant de longues heures que les auteurs discutaient. Montaigne se leva de sa chaise pour aller jeter un coup d'œil à la fenêtre et s'aperçut que la porte temporelle venait de se rouvrir et qu'il était temps pour Gaudé de rentrer au 21ème siècle.
MONTAIGNE : Je crains que nous puissions continuer à parler de nos œuvres, le temps qu'il reste pour pouvoir retourner à votre époque est compté. Ce fut un réel plaisir d'échanger avec vous et j'espère pouvoir venir à mon tour très prochainement dans votre futur. Vous savez, je pense que votre époque est bien plus saine que la mienne. Pendant le temps passé à être maire de Bordeaux, nous avons du combattre la peste, une satanée épidémie qui a tué énormément de personnes. Je pense qu'avec les avancées que vous avez ces choses là ne peuvent point arriver.
GAUDE : "En effet, le temps défile à une de ces vitesses, c'est incroyable. Je partage votre ressenti, je pense que ce moment passé avec vous m'a enrichi, ça a été une réelle chance pour moi de communiquer avec vous. Si cela est possible, je vous accueillerai les bras ouverts chez moi. J'aurais tellement aimé que ce que vous me dites sur l'époque dans laquelle je vis soit vraie... Hélas nous sommes en pleine crise sanitaire depuis plus de 9 mois. Un virus s'est développé et s'est répandu dans le monde entier. On ne compte plus nos morts. Nous nous protégeons du mieux que nous pouvons mais c'est dur de garder l'espoir que cela prenne fin un jour. Comme quoi ce n'est pas le fait d'être dans le futur que nous pouvons échapper à ce genre de choses.
MONTAIGNE : Je n'aurais jamais imaginé cela.. Je prie pour que cela cesse et que vous puissiez retrouver une vie normale. Je garde cette information pour alerter mon futur à moi et prévenir ce qui va se passer. Vite ! Courez, camarade, où vous resterez à jamais coincé au 16ème siècle avec moi.
GAUDE : Merci pour tout mon ami. Prenez soin de vous et continuez d'écrire comme vous le faites déjà si bien. Je m'en vais et je ne vous oublierai jamais.
Gaudé passa la porte temporelle et rentra chez lui plein de souvenirs en tête et prêt à les raconter dans ses prochaines œuvres.
Présentation - Essais d'appropriation - i-voix
" On ne cesse de criailler à nos oreilles d'enfants, comme si l'on versait dans un entonnoir, et notre rôle, ce n'est que de redire ce qu'on nous a dit. Je voudrais que le précepteur corrigeât ...
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