Essai de conversation par Jordan et Mewen
Essai de conversation entre Michel de Montaigne et Laurent Gaudé
A la suite d'un court échange par lettre, Montaigne décide d'inviter Gaudé dans sa bibliothèque pour échange de vive voix.
- Bonjour Monsieur Gaudé.
- Bonjour Monsieur Montaigne, merci de m'inviter dans votre demeure
- Avec grand plaisir! J'ai lu votre ouvrage Eldorado, il m'a fort plu.
- Merci ça me fait plaisir
- Je ne connais guère votre parcours : pouvez-vous m'en dire quelques mots?
- Bien sûr, tout d’abord j'ai étudié au collège Paul Bert puis à l'école Alsacienne. J'ai entrepris des études de lettres modernes avant de m'orienter vers le département des études théâtrales à l'université Sorbonne Nouvelle. Parallèlement à mes études, j'ai commencé l'écriture. A 24 ans, j'ai écrit ma première pièce de théâtre qui se nomme "Onysos le furieux". En 2001 j'ai écrit mon premier roman: "Cris". Il y en à eu encore cinq autres, le dernier étant "Écoutez nos défaites" publié en 2016.
- Merci, dorénavant j'en sais un peu plus sur vous. Par contre je ne connais point le mot "eldorado" : pouvez-vous me dire ce que cela signifie?
- Le mot eldorado provient d'un mythe relayé par les conquistadors espagnols. Ils pensaient qu'il y avait une contrée en Amérique du sud qui regorgeait d'or. Aujourd'hui ce sont les migrants venant d'Afrique ou d'Asie qui recherchent cet eldorado en Europe.
- Mmh je vois... Et pourquoi avoir choisi ce titre?
- Je l'ai choisi car dans mon récit, mes deux personnages principaux recherchent leur eldorado, qui sont un peu différents. Pouvez vous me résumer le livre?
- Tout d'abord il y a deux personnages principaux Salvatore et Soleiman. Salvatore lui est un Italien de Catane. Son métier est de sillonner les mers à la recherche de clandestins. Mais à la suite d'une rencontre avec une jeune survivante Salvatore remet sa vie en question et celle-ci va prendre un autre tournant. Soleiman lui veut fuir son pays accompagné de son frère. Mais il comprendra vite qu'il devra faire le voyage seul. A partir de ce moment la tout ce complique. Il se fait arnaquer et se retrouve seul perdu et sans argent.
- Qu'avez vous pensé de mon livre?
- C'est un très beau livre, bien raconté. Je l'ai beaucoup aimé et on se lie très vite de compassion avec les personnages.
- Lequel vous a le plus touché?
- Celui qui m'a le plus touché c'est Soleiman. Il devait faire ce voyage avec son frère puis il comprend que son frère est malade, qu'il va mourir et qu'il devra faire le voyage seul. En plus de ça, il se fera frapper par les passeurs et on comprend sa détresse lorsqu'il substitue de l'argent à une personne qui ne lui a rien fait.
- Oui mon but était qu'on ait pitié des personnages pour que les lecteurs soient plongés dans l'histoire.
- Et c'est réussi! Dites-moi, la construction de votre ouvrage est très originale, pouvez vous m'expliquer ce choix?
- Oui en effet, j'ai fait en sorte d'alterner les parcours de mes personnages pour avoir un réel contraste et accentuer l'effet d'opposition dans leur parcours. Ils font à peu près le chemin inverse de ce que l'autre fait.
- Oui je vois.
- Si vous ne deviez retenir qu'une phase de mon livre, ça serait laquelle?
- Ça serait "Aucune frontière ne vous laisse passer sereinement, elles blessent toutes."
- Et pourquoi?
- Car cette phrase résume pour moi tout le livre. Et je vois en cette phrase deux sens : soit elles vous blesse physiquement, soit moralement.
- En effet c'est l'une des phrases marquantes de mon livre.
- Pensez vous que votre livre est toujours d'actualité?
- Oui il l'est car aujourd'hui le phénomène d'immigration s'est accentué avec toutes les guerres qu'il y a dans le monde.
- Le rêve d'un eldorado est il forcément un cauchemar?
- Dans un sens oui car si on rêve d'un eldorado c'est que notre pays ne nous convient pas et ça c'est triste, mais si ça permet de sauver des gens c'est plutôt bénéfique. Sinon vous dans votre essai, quelle est l'idée que vous vouliez transmettre?
- Je voulais avant tout évoquer le sens de "barbare" qui varie d'une civilisation à l'autre. Au final nous sommes tous les barbares de quelqu'un. Le sens de barbare découle surtout d'une différence dans les mœurs et les traditions. On a une image négative des personnes qui n'ont pas les mêmes coutumes que nous alors que nous sommes personnes pour les juger.
- Pourquoi faut-il respecter les cultures des autres?
- Nous devons les respecter car nous n'avons pas le droit d'imposer à quelqu’un manière de vivre comme l'ont fait les romains avant nous. Regardez comment ça c'est fini ... En massacre! Donc nous ne pouvons que les respecter.
A ce moment la, Gaude reçoit un appel urgent et doit abréger cette conversation
- Je dois m'en aller. Merci pour cet échange, c'était très enrichissant.
- Merci à vous!
Montaigne le raccompagne à la porte de son logis avec le regret de ne pas pouvoir continuer ce moment.