Partage (dé-)confiné - Oldboy
Oldboy est un film sud-coréen de 2003, réalisé par Park Chan Wook et inspiré par le manga du même nom, et faisant partie d'une suite de 3 films aux histoires différentes, le premier étant Sympathy for Mister Vengeance, suivi par Oldboy et clôturé par Lady Vengeance, tous sur le même thème : celui de la vengeance. Globalement très bien accueilli par le public, le film remporte de nombreux prix entre 2003 et 2006, dont celui du Grand Prix du jury lors du festival de Cannes de 2004 ou le Grand Bell Awards du meilleur acteur, meilleur réalisateur, meilleur éclairage, meilleur montage et meilleur musique.
L'histoire prend place au milieu des années 80, Oh Dae Soo, un père de famille, se retrouve mystérieusement kidnappé et séquestré dans une cellule, seul, ayant pour seul lien avec l'extérieur une télévision. Il apprend par cette dernière le meurtre de sa femme, dont il est accusé d'être le principal suspect. Relâché, toujours sans explications, 15 ans plus tard, il est contacté par une personne inconnue, qui lui propose de découvrir toute la vérité.
A l'instar de ses prédécesseurs qui s'inscrivent dans le même style (Joint Security Area, Sympathy for Mister Vengeance…), Oldboy est un film poignant, aussi graphique que les films de Tarantino et perturbant que ceux de Kubrick, qui a réussi à égaliser avec les meilleurs films américains de l'époque, démontrant que le 7ème art d'Asie avait aussi son mot à dire. Chan Wook met parfaitement en scène le personnage de Dae Soo, lui-même incroyablement bien interprété par Choi Min Sik, un homme avec qui nous avons l'impression de suivre l'histoire, un homme auquel on s'identifie, et avec qui on ressent les mêmes moments de tristesse ou de rage.
J'ai aimé beaucoup de choses dans cette oeuvre, à commencer par son protagoniste, finement écrit, un personnage complexe qui ne se contente pas d'être "gentil" ou "méchant", mais qui dévoile plusieurs face de sa personnalité, que ce soit d'un côté le père et mari, de l'autre l'homme violent en recherche de vérité. C'est un héros tragique et torturé, qui se retrouve bloqué dans l'engrenage d'une histoire sombre, et à laquelle il va devoir faire face.
Le cinéma de Park Chan Wook, loin de jouer dans la dentelle, n'hésite pas à montrer ou dire ce qui ne peut être vu ou entendu : thèmes tabous ou représentations gores de certaines scènes d'action, le réalisateur sait aussi bien représenter la violence physique à l'écran que torturer mentalement et les personnages, et le spectateur.
Ris, et tout le monde rira avec toi ;
Pleure, et tu seras le seul à pleurer
La beauté des plans et l'audace de Park Chan Wook ne sont pas les seuls éléments louables de ce film. En effet, là où l'oeuvre aurait pu se perdre dans les effusions graphiques et l'intrigue parfois surréaliste, une autre partie se voit être tout aussi importante que le reste : la sensibilité de l'oeuvre, de certains personnages et du réalisateur lui-même. Aussi sordide se révèle être la réalité de cette histoire, aussi triste soit le retournement de situation, aussi répugnants puissent être les personnages, l'amour y a sa place, dans sa forme à la fois la plus belle et la plus dérangeante. Le romantisme de l'oeuvre tient presque du surnaturel, et se révèle être le motif de bien des actes ; l'amour est à la fois ce qui anime et détruit le personnage, et montre au téléspectateur la sensibilité de tous, en contraste avec la violence physique et psychologique du film.
Je recommande ce film à tous, aussi bien fan de cinéma ou non, qui saura bouleverser la vision des choses de chacun. Oldboy est un film touchant, triste, violent, et magnifique, qui ne peut pas laisser indifférent. Tout ceux qui l'ont vu s'accordent à dire qu'il mérite son statut de film culte, et qu'il est à lui-même une expérience et une leçon de vie