Partage confiné - Critique de La fabrication du consentement
Chomsky est un des intellectuels les plus influents du monde contemporain. Il a révolutionné la linguistique mais est surtout connu pour son engagement politique et ses travaux sur la politique étrangère des États-Unis et les médias de masse.
Herman est, lui, un économiste et observateur américain de ceux-ci, spécialisé dans l'étude de leur rapport avec les questions politico-économiques.
La fabrication du consentement est pour moi un ouvrage majeur pour qui cherche à exercer un regard critique sur le monde. Il traite de la couverture par les médias américains d'événements majeurs ayant eut cours au long de la deuxième moitié du XXe siècle, comme la guerre du Vietnam (de l'Indochine en général), ou les régimes centre-africains des années 1980 (Salvador, Guatemala et Nicaragua). Et en plus de montrer à quel point les médias américains ont pu être complices de crimes soutenus par le gouvernement états-unien, Chomsky et Herman remettent les faits historiques à la lumière du jour, à l'encontre de l'histoire officielle - écrite par les "vainqueurs", les puissants - toujours véhiculée aujourd'hui. Ce travail immense est d'une richesse et d'une honnêteté intellectuelle impressionnante. Les sources sont pléthoriques alors que la documentation, à une époque ou Internet n'existait pas encore, était bien plus compliquée à fournir. Chomsky et Herman ont eu le courage d'aller à contre-courant, de remettre en question l'idéologie dominante, ce qui leur a bien sûr valu un nombre invraisemblable de critiques et de campagnes de discrédit, les traitant de “complotistes” et autre. Cependant Chomsky reste un des intellectuel les plus influents du monde contemporain, témoignant par là de sa ténacité face à la vision véhiculée par nombre de médias et membres de l'establishment.
Ce livre est pour moi une révélation. C'est 600 pages – et oui, ça peut paraître long - qui nous transportent vers une vérité toujours plus fascinante, alors que l'histoire officielle est encore aujourd'hui enseignée, rabâchée. Cet ouvrage n'a rien de complotiste, il ne nie en rien les crimes commis par des régimes tels que l'URSS ou les Khmers rouges (qui sont d'ailleurs analysés dans un autre ouvrage de ses auteurs). Il rétablit simplement une vérité occultée par un système de propagande insidieux, qui laisse croire à la liberté et l'indépendance en veillant à ce que personne ne puisse remettre en question la réalité de ces concepts. Les auteurs ne sont pas pour autant pessimistes. Ils mettent en avant le développement de sources alternatives d'information, les « stations de TV et radio-diffusion associatives et à but non lucratif, ainsi qu'un meilleur usage de l'audiovisuel public, d'internet, et de l'édition indépendante ».
Pour un résumé détaillé du livre, je vous renvoie vers mon article à ce sujet.