Selfie de poème - Le cours des choses 59
Moi, poème 59 des pages 201 et 202, je suis allé interroger le "cœur" de Shanghai, le support de cette ville et l'appui même de la vie, la Terre : celle grâce à laquelle les hommes se nourrissent, celle sur laquelle ils marchent et construisent leurs villes immenses... Parmi les confidences que m'a faites la Terre, j'ai été grandement bouleversé lorsqu'elle a évoqué la construction intempestive de l'homme, comme l'expriment mes quelques vers :
t'ai-je parlé de ce - quartier - fantôme - mon cœur
huit hectares de - bâtisses mollies
ce n'est qu'un champ - ruines puantes
tuiles écroulées
Je suis le poème qui rapporte les mots simples et émouvants de la Terre : elle m'a dit qu'elle était malade comme un "chien galeux" et qu'elle devait être soignée au plus vite. Sa pathologie, la pollution, elle me l'a décrite avec une impuissance cinglante car la Terre est bien incapable de s’apitoyer sur son sort ou même de résister à son funeste destin. Je suis le poème qui transmet le beau et triste message de la Terre : Je me meurs.
Ce selfie de moi-même représente une laisse-de-mer sans algues ni coquillages mais entièrement composée de bris de plastique multicolores. Voyez-y la grande cicatrice de la Terre, la plaie qu'il faut urgemment panser, le gigantesque déchirement entre l'homme et la planète, qu'il faut tout de suite réparer.