Florilège - i-voix aux mains d'argent 2018-2019 2
Effraction, immersion, contraction, dilatation, substitution : tout au long de l'année, les lycéens i-voix ont aimé couper-coller-insérer-remplacer... dans des œuvres variées.
A la manière des cut-up de William Burroughs, des cadavres exquis surréalistes, des centons oulipiens, des MashUp vidéos, ils explorent ainsi, à l'ère du numérique, une façon originale de s'approprier des textes littéraires et d'en créer de nouveaux. Cette activité, ludique et pédagogique, permet de comprendre de l'intérieur l'univers d'un auteur, de faire résonner en soi ses mots, de partager les sensibilités et les imaginaires, de travailler la langue, de faire jaillir de soi des éclats de poésie. Alors peut-être la littérature retrouve son pouvoir de vibration et de façonnement.
Saurez-vous reconnaître les oeuvres qu'ils ont ainsi goulûment dépecées, chirurgicalement charcutées, poétiquement électrocutées ?...
Tim Burton - Edward aux mains d'argent
CAUCHEMARS ET CADAVRES
Il ne fait ni jour ni nuit.
Il n'y a pas d'horizon
Des êtres vivent dans ce pays :
Les innocents pourrissants
qui se camouflent dans le brouillard
Leur peau est recouverte d'ombre
Ce sont des chiens perdus
qui se réfugient dans les plaies
Des enfants puants ensevelis
recroquevillés dans nos coeurs
Une armée de fantômes
Des orages affamés
Ils sont le sourire tordu de la nuit
Pas sommeil
Le peuple des ombres n'est plus là
Le fut-il jamais ?
Exorbité. Impassible. Menaçant.
Le temps sur ma poitrine
Silhouette cabossée
dont la soif ne s'étanche jamais
se cache n'importe où
sous les couvertures
au bord de ses paupières
dans les petites baies glacées de nos orbites
au fond de ton sourire
puis surgit en riant trop fort
sur des milliers de poissons morts
Charognant vos carcasses endormies
L'horizon tomba
dans son trou
La mort meurt.
On est comme à la gare
On a les yeux secs et les doigts pleins de poussière
On a les mains humides
On parle
tu oublies
Cher Toi, Monarque des glaces,
Tu deviens peu à peu l'espace de l'écriture.
Objet de mes rêves
A ton approche, les nuits sont de plus en plus courtes.
Toi et moi pétris par des hardes d'étoiles
A petits pas rapides nous déplions de larges ombres
Et devant nous tout peu à peu s'étoile.
Les papillons se rassemblent pour le grand départ
Toi aussi tu es de cette race et déjà tu entames ta migration
Tu t'échappes
Dans notre chambre noire je t'écris notre poème
J'entame de profondes brasses dans la douleur
Mais la crécelle du coeur tourne encore.
Des banquises de silences.
J'abandonne
Ta parole à venir, voici le climat qu'il me faut.
Contraction - dilatation de Véra
Dans l'entrée du 6659
laissant mes effets, plus penser
shout-out crisse de folle,
j'ai gagné la femme de ma vie.
simple comme toute lumière toute ô
transparente car illuminée désespérément
c'est la romance de ceux qui viennent de l'eau
oubliés jusque maintenant comme présents
Pour bien lire ce typoème il faut du regard refaire les mouvements de l'amour
ils dérèglent les sens y compris celui de la lecture
J'ATTENDS TOUJOURS CELLE QUI ME DIRA OUI
je vais enterrer mes mots
la fille parfaite
la femme de ma vie
mon âme soeur
j'ai succombé à ta face de
I Put a Spell on You
toi mannequin, toi plastique, toi peau douce
ton corps sculpté au styrofoam
tes courbes dans le creux d'un moule en plâtre
je deviens lentement aveugle
même si tu ne seras jamais
mine
l'amour ça éclate toujours avec fracas
pendant que tu t'en vas