Florilège - Fakes littéraires 2018-2019 1
Sur internet, il faut se méfier des fakes : fausses informations, fausses identités, faux documents, hoax, rumeurs, complotisme, manipulations, "vérités alternatives", impostures, photos trafiquées, décontextualisées, recontextualisées ...
Pour bien s'en rendre compte, pour apprendre à s'en méfier, pour développer une distance critique, pourquoi ne pas en fabriquer à son tour ?
En voici quelques exemples, réalisés par les lycéen.nes i-voix 2018-2019 et nourris des œuvres lues : faux papiers, faux agendas de poètes, fausses biographies, fausses cartes Pokemon, fausses lettres, faux documents personnels, faux articles de presse, fausses pages internet, fausse histoire littéraire ...
A travers ces fakes littéraires, à travers ces lectures d'invention et d'intention, à travers cet exercice de l'imaginaire, n'est-ce pas un peu de la vérité de l’œuvre que l'on effleure ?
Voici une cagnotte à prendre avec méfiance, car, comme on le voit tout au long du roman de Balzac Le père Goriot, Anastasie de Restaud n'a que faire de son pauvre vieux père, elle l'a quasiment renié et a profité de lui pour obtenir l'argent dont elle avait besoin. Activité qu'elle continuera d'après moi, même après la mort de celui-ci, d'où l'existence de cette cagnotte, dans laquelle elle joue la comédie d'une jeune fille blessée par la mort de son père, dans le seul but d'obtenir une somme d'argent considérable pour son unique profit.
"Poste à pouvoir : DOMPTEUR DE TRESORS à Genvry (60). Ref. 357955"
Par Agar, Café de Faune
Vous avez toujours rêvé de devenir pirate ? N'attendez plus et devenez Dompteur de Trésors ! (en réalité, c'est comme être un pirate, mais aujourd'hui le mot est trop connoté... Alors nous l'avons changé !)
Votre travail aura pour but d'embarquer à bord d'un Ferry ou d'un avion (les bateaux de pirates comme ceux de vos jouets sont en réalité peu pratiques... Et trop chers) et de partir à la recherche de trésors cachés aux quatre coins du monde ! Mais pas n'importe lesquels, vous chercherez les vrais trésors de la vie. Parmi eux, peut-être aurez vous la chance de trouver un endroit non pollué, quelque part où l'égalité est totale, ou encore un pays ou la haine n'existe pas et tout le monde s'aime ! Qui sait ? A travers vos découvertes, vous inciterez les gens à créer (ou voler) d'autres lieux comme ceux-là ! Jamais un pirate n'aura été aussi bienveillant !
Alors partant ? Contactez nous au 357955 pour plus d'informations et "A l'abordage !"
Un enterrement est un moment de recueillement, un moment où on se remémore la vie de la personne. La meilleure façon serait de le faire en musique.
Ainsi, cette playlist raconte, du début à la fin, la vie du père Goriot.
Chaque musique renvoie à un épisode de la vie du père Goriot :
• Glory : "je dînais avec leurs maris, qui me traitaient avec considération." (page 466)
• Love of my life : "Il adore, dit-on, ses filles" (page 196)
• Why : "Il a vu que ses filles avaient honte de lui" (page 196)
• I do everything : "Il s'est sacrifié, parce qu'il était père." (page 196)
• Obey : "Je n'ai pas osé les aller voir, de peur de leurs reproches." (page 467)
• Falling down : "il avait donné sa fotune en un jour." (page 197)
• Still loving you : "J'ai bien expié le péché de les trop aimer." (page 467)
• Why her not me : "pourquoi ne sont-elles pas toujours restées petites ?" (page 463)
• I hate you : "Ah ! Si j'étais riche, si j'avais gardé ma fortune, si je ne la leur avais pas donnée, elles seraient là, elles me lècheraient les joues de leurs baisés." (page 465)
Jour 59
Tout le monde se bouscule, les vagues frappent si fort le bateau qu'il est impossible de rester debout. Ceux qui ont le mal de mer se retiennent de ne pas vomir. Personne ne parle, du moins pas plus que quelques mots. La plus vieille dame du navire est vraiment mal en point, sa fille s'occupe d'elle jour et nuit. Mais, ses jours sont comptés : arriverons-nous à temps ? Dans cette cale, un mélange d'odeur d'épices et de transpiration. Personne ne sait où nous sommes, sommes nous bientôt arrivés ? Tout est flou. Nos regards se perdent dans des rêves d'avenir. Nous ne faisons rien, nous attendons. Nous poursuivons nos rêves, comme si c'était la dernière chose qu'il nous restait. J'ai envie. J'ai envie d'écouter de la musique, de toucher le sable, de sentir le soleil me caresser le visage, j'ai envie de ressentir la vie. Tout ce qui fait que nous sommes vivants.
Faux journal intime inspiré de Yann Miralles par Léa
Grand Scoop ! En ce mardi 19 mars, Poésie Tracée a sorti son premier recueil de poèmes papier, après le succès de son compte Instagram et de nombreuses demandes.
Néanmoins, ce recueil garde sa même origine : en effet, ce sont toujours des mots barrés, pour ne garder que le meilleur de ces textes, et les renouveler à l'infini !
Vous trouverez même 20 pages, à la fin de livre, pour créer vous-même votre poésie tracée.
De nombreux journaux, tels que Paris Match ou Le Monde, ont d'ailleurs témoigné de leur passion pour ce splendide ouvrage, paru aux éditions I-Voix (éditions qui ont fait paraître plus de 2 millions de livres).
Vous trouverez ce splendide ouvrage dans toutes les librairies proches de chez vous, au prix imbattable de 10 euros : Alors, pourquoi s'en priver ?
Je soussigné, Jacques Collin,
Domicilié au bagne de Rochefort,
Lègue à mon jeune Italien, Luciano Moretti, toute ma fortune personnelle en espérant que cet argent ne disparaisse pas dans le jeu mais qu'il lui soit utile à l'armée.
Lègue à mes amis, les forçats des 3 bagnes, les capitaux que j'ai placés, conservés, protégés et qui ont été tenus à disposition en cas d'évasion.
Lègue à la société des Dix Mille, la poursuite des opérations. J'ai été ravi de pouvoir être votre banquier, votre homme de confiance, votre conseil. Continuez à respecter le code et à aider les autres forçats. Je vous lègue également le reste des fonds, la caisse ainsi que mes talents, qui je l'espère, seront transmis à l'un d'entre vous afin de continuer nos missions. Et, je vous le répète, ne vous mêlez jamais d'une affaire qui vous rapportera moins de 10 000 francs. Bonne continuation.
Lègue à Eugène de Rastignac, une épée. Cela pourra lui servir si la femme qu'il convoite n'est pas héritière et qu'il y a juste un homme entre la fortune et elle. Qu'il n'hésite pas à l'utiliser : il faut ce qu'il faut pour atteindre ses objectifs. Eugène, vous le savez, vous êtes comme moi, un ambitieux. Faites-en bon usage et faites moi plaisir : contactez Mademoiselle Taillefer !
Lègue à madame Vauquer, toutes les affaires restées dans ma chambre afin de me faire pardonner les dommages et les pertes financières causés par mon départ.
Fait à Rochefort, le 20 février 1820.
Vautrin
Ce week-end a Brest a eu lieu la première manifestation qui opposaient les corps au système. "Mon corps n'obéira plus jamais !" était le slogan scandé par les manifestants qui semblait en effet vouloir exprimer leur mécontentement vis à vis de la société française, qui ne fais rien pour réduire les discriminations dues au physique, et le lynchage acharné présent sur les réseaux sociaux. Des scènes d'une violence inouïe se sont déroulées lors de cette manifestation. Certains corps semblaient avoir perdu le contrôle et on n'avait jamais vu une foule autant unie et désorganisée à la fois.
Cette manifestation a donné lieu à de nombreux débats et questionnements partout dans les médias et ailleurs. Il est temps que nos corps soient entendus et écoutés : voilà le message de ce rassemblement, qui semble faire écho à de nombreuses interrogations quant au rapport au corps de l'être humain dans les sociétés d'aujourd'hui.
Ceci est mon testament.
Je donne ma petite boîte noire, fermée à double clef. Cette boite en bois ornée d'une multitude de petites pièces métalliques et constituée d'un superbe intérieur, doux, chaleureux, petit, chaud, sombre. D'un intérieur de velours bordeaux symbolisant l’action, l’amour, l’énergie, la passion, la détermination, la joie. Cette boîte contient mes sentiments. La vicomtesse de Beauséant m'a un jour dit que si jamais il m'arrivait d'aimer, je devrais garder cela secret. Je devrais cacher mes sentiments comme on cache un trésor. Je donne donc cette boîte débordant de mille sentiments à Madame Vauquer, pourrait-elle aimer autre chose que l'argent ?
Je donne mon mépris, ma rage à Monsieur Goriot qui en aurait eu tant besoin envers ses filles pour se rendre compte plus tôt que ses filles se jouaient de lui et de sa gentillesse.
Je donne mon amitié. Je donne ce sentiment précis à Madame Anastasie de Restaud. J'aimerais qu'elle le transmette à Goriot pour qu'elle l'aime davantage, qu'elle consacre du temps et de l'argent à s'occuper de son pauvre père. Plutôt que de le ruiner en demandant toujours plus d'argent pour s'acheter des parures, des robes...
Je donne mon amour pour Nucingen au marquis D'Ajuda-Pinto pour qu'il aime Madame de Beauséant, la seule femme qu'il aurait dû aimer. Qu'il chérisse la plus belle femme de tout Paris, et rompe avec la demoiselle de Rochefide.
Venez découvrir la nouvelle exposition Malgré la neige de Julie Delaloye, elle est ouverte au public !
L'ouverture se fera le samedi 15 Décembre à 14h00 en présence de l'artiste et bien d'autres personnalités ! A travers cette exposition, elle nous fait voyager. Elle montre son regard porté sur la nature ou l'humain avec différents thèmes abordés dans la collection qui vous sera présentée comme celui du végétal et du minéral. Julie Delaloye nous touche avec des œuvres épurées et d'une beauté singulière.
Avec un discours d'ouverture par l'artiste elle-même Samedi 15 Décembre et un buffet pour clôturer l'exposition le jeudi 20 Décembre.
Venez nombreux !!!
Cher journal,
Tout se bouscule encore dans ma tête. Elle était là, plus belle que jamais. Ses yeux, son corps, cet appel au péché. Elle me contrôlait, je n'étais maître de rien. Tout se bousculait en moi, la peur, le désir, l'amour. Et puis tout se fait, tout à coup tout devient facile, des mains qui se perdent, des souffles saccadés. C'est doux, rapide, maladroit. C'est l'amour à l'état pur, la découverte de l'un et de l'autre. Elle était si belle. Est-ce normal de se sentir aussi libre? Heureux? Amoureux? comme détaché du monde qui l'entoure? Oui, j'en suis persuadé comme je suis persuadé que sa bouche est faite pour la mienne et mes mains pour son corps. Je veux passer le reste de ma vie avec elle, dans ses bras, en caressant ses cheveux et en lui susurrant à l'oreille à quel point je l'aime.
Mon Diable,
Si je me confesse aujourd'hui, c'est afin de vous partager mon histoire. Cette histoire serait, pour des croyants, remplie de péchés, mais pour moi, ces choses ne sont points des vices, Majesté.
Toutes ces années passées à Paris n'ont été que mensonges et tromperies ! Quel bel acteur je suis, nul ne se serait douté qu'avant de vivre à la pension Vauquer, j'étais un forçat, dans le bagne de Toulon. Un prisonnier qui s'était échappé, afin d'accéder à la liberté, et au bonheur auquel j'aspirais.
Ce bonheur, je l'ai trouvé. Oh, il a mis du temps à apparaître, mais il est venu. J'ai connu l'amour. Le vrai. Celui pour qui, on est prêt à tout donner, à tout offrir. L'objet de cet amour fut un jeune homme, ambitieux comme je les aime, et beau comme Apollon. Le jeune rêveur n’était pas comme "les autres", que j'ai pu rencontrer auparavant. Non, mon Roi ... En effet, Eugène de Rastignac, ce petit provincial, était prêt à tout pour gravir les échelons de la société parisienne. Mais j'ai toujours su que l'étudiant ne partagerait ni la chaleur de mon amour, ni ma couche. Mais qu'importe ! n'est-ce pas là l'amour ? Être prêt à tout sans rien attendre en retour ? J'étais prêt à tout pour lui, à me faire passer pour son père, à tuer à mains nues s'il le fallait, avec autant de force et d'honneur que ma passion portée à son son égard. Et ce, sans jamais rien attendre en retour.
J'ai d'ailleurs fait tuer un homme pour lui : Frédéric de Taillefer. Une vraie ordure, cet homme là ! Et puis, à vrai dire, il ne servait pas à grand chose. (Du moins, pas que je sache). Sa seule fonction était sans le savoir, de barrer le chemin de mon jeune protégé, l'empêchant d'accéder facilement à la fortune. En effet, en mourant, Taillefer, le père, était obligé de céder son héritage à Victorine, sa fille reniée. La jeune enfant, déjà éprise du bel ambitieux aurait été tant heureuse de l'avoir comme mari ! En même temps, qui ne peut être heureux avec 2 millions d'héritage ? Alors, BOUM, deux pouces de fers dans le front par Franchessini et le tour fut joué.
Mais malheureusement, l'honnête Rastignac, déjà au courant de mon plan, était en désaccord avec cela. Il trouvait cet arrangement vicieux et toxique. (mais en réalité, c'était bien plus simple et rapide). S'il avait fait la cour à Victorine, il aurait réalisé son rêve avec aisance, mais voulant rester vertueux, il refusa.
Qu'est-ce que l’honnêteté face à la triche ? Parfois le résultat est le même, et personne ne voit de différence...
A ce jour, je ne sais si Eugène est sous un pont ou dans un de ces palaces, voilà longtemps que je ne l'ai pas vu. Mais mon Seigneur, sachez que je ne regrette aucun de mes actes, et s'il le fallait, je recommencerais mille fois ces choses-là.
Quel soulagement de pouvoir partager à quelqu'un mes fiertés, mon Diable. Un peu de votre être pur est en moi, mais comme Lucifer, je l'ai caché jusqu'aujourd'hui. Je vous rassure, à présent, j'assume pleinement de laisser ces cheveux flamboyants se mêler aux feux des enfers.
J'attends votre réponse avec impatience,
Avec tout mon respect,
Trompe-La-Mort, Jacques Collin, Vautrin,
(le diablotin).
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