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Publié par Véra

   

Parle-leur de bataille de roi et d'éléphant est un roman de Mathias Enard paru en août 2010 aux éditions Babel. Il a reçu le prix Goncourt des lycéens et a également été nominé pour le prix Goncourt. 

Il raconte l'épopée du grand artiste Michel-Ange à Constantinople dans les années 1500. Celui-ci y a été invité par le sultan de Bajazet pour réaliser les plans d'un pont phénoménal. Il y voit une opportunité de surpasser son ainé et rival Léonard de Vinci, dont les plans pour l'édifice ont été refusés par le sultan. Tout au long du récit, Mathias Enard dépeint la civilisation et la culture du Moyen-Orient de l'époque à travers les yeux de Michel-Ange. Il s'agit de la rencontre d'un artiste de l'Italie de la Renaissance avec la beauté fascinante du monde ottoman. 

Interview exclusive de l'enlumineur 

 

Journaliste : Pourquoi avoir choisi précisément ces extraits du roman ?

Enlumineur : J'ai choisi de réaliser des enluminures sur ces passages spécifiques car je les trouvais tout d'abord très beaux par le style d'écriture qui en émanait et également très représentatifs de ce voyage merveilleux qu'est le roman de Mathias Enard. J'ai voulu me concentrer sur trois aspects indispensables du livre pour moi :

- Les chapitres magnifiquement mystérieux dans lequel, tout au long du récit, un personnage inconnu semble s'adresser à Michel-Ange en le tutoyant et lui révéler des vérités cachées sur lui même ou bien des réflexions philosophiques intrigantes, qui parle des Hommes en général. 

- La découverte d'une culture abondamment riche et notamment par son commerce avec les extraits dans lesquels Michel-Ange évoque les marchandises et les produits étrangers rencontrés à Constantinople. 

- Un des aspects les plus fascinants du livre autant pour Michel-Ange que pour le lecteur : la rencontre d'une danseuse ou d'un danseur à la fois être parfait et inconnu étrange et attirant. 

 

J. : A travers ces enluminures, qu'avez vous voulu signifier sur le roman lui-même ?

E. : Comme expliqué précédemment, j'ai voulu retranscrire, illustrer et éclairer les passages qui me semblaient les plus représentatifs des intérêts du roman. J'ai donc décidé des thèmes de la découverte des richesses d'une culture étrangère, la rencontre d'un personnage fondamental dans le récit et les leçons à tirer et réflexions possibles autour de ce que je nommerai "les chapitres mystérieux et philosophiques" du roman. J'ai donc voulu signifier combien ce roman aborde de nombreux thèmes tous plus pertinents les uns que les autres et sur lesquels nous nous devons de réfléchir. C'est pourquoi mes illustrations peuvent également être interprétées de différentes manières et j'invite le lecteur à réfléchir sur chacune d'entre elle. 

 

J. : En quoi ce roman et/ou votre travail éclairent-ils selon vous des caractéristiques de la Renaissance et de l'Humanisme ? 

E. : Les Humanistes ont développé l'idée de l'importance du voyage, des rencontres et des découvertes, pour la plupart d'entre eux ils ont beaucoup voyagé et rencontrer de nombreux étrangers à leur culture. C'est ce qui leur a permis d'acquérir un grand esprit critique sur la société de leur époque et de s'intéresser à de très nombreux domaines, méthodes, techniques, objets qui n'étaient pas présents dans leur pays. Le roman de Mathias Enard illustre à merveille combien le voyage et l'ouverture sur le monde est importante pour les Hommes. C'est l'idée du relativisme culturel. Les Humanistes placent les besoins fondamentaux de l'Homme au dessus de toute culture, croyance ou particularité. Selon eux, l'être humain doit se baser sur des références universelles comme la démocratie par exemple. De nombreux autres thèmes du livre rejoignent les idées de l'Humanisme comme la Foi en l'Homme, l'intérêt pour toutes les formes d'arts et de connaissances ... Cet intérêt pour de nombreux domaines se traduit notamment dans le roman par la curiosité du héros, Michel-Ange, pour tout ce qui l'entoure.  La Renaissance, c'est également le renouveau, et comme on peut le lire dans le roman, il est question de nombreuses nouveautés, de nouveaux croquis, de nouveaux édifices, un nouveau pont à construire pour créer une ville nouvelle ... Le récit semble s'inscrire dans un renouveau artistique souhaité par le sultan et qui caractérise notamment la Renaissance. En ce qui concerne mon travail, c'est également une sorte de renouveau car j'ai souhaité moderniser le concept d'enluminure en le rendant numérique et en y intégrant des éléments particulier que l'on ne voit généralement pas dans une enluminure comme des Gifs, des enregistrements audio etc. Je trouvais aussi que les images des films de Michel Ocelot représentaient très bien le monde ottoman et sa culture c'est pourquoi je les ai utilisées pour illustrer le texte de Mathias Enard. 

 

 

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