Florilège - Livres enrichis 2017-2018 4
Un livre a deux auteurs : l'écrivain et le lecteur.
Au fur et à mesure
Ton parfum s'efface
Au fur et à mesure
J'oublie ta démarche
Au fur et à mesure
Ton visage disparaît
Les interrogations
Au fur et à mesure
Que les jours s'accroissent
Depuis ton départ je pense à toi
Je ne sais pas si ça vaut la peine
D'espérer
Puisque ce qui est perdu est perdu
Et entre nous, tout est perdu ?
Place de Strasbourg, Brest. Un escalier, plusieurs escaliers. Un escalier rejeté de tous (il a été élu bâtiment public le plus moche de France). Pourtant il y a quelque chose que j'aime chez ces escaliers, je ne sais pas trop quoi, mais il y a quelque chose, c'est sûr. Le bruit qu'ils font quand on les monte peut-être ? Ces escaliers sont le support de multiples tags et écritures diverses. "Appelle moi au 07 84 ** ** **", "nik la police", "P+A = LOVE", et j'en passe et des meilleures. J'absorbe ces écritures. Comme quoi, l'écriture est vraiment partout. Chacun peut être un écrivain, même sans en être conscient (à moins que tout ça soit le fruit de personnes ayant une grande renommée littéraire). Il est pas si moche que ça, au final, cet escalier. Quand on monte celui qui surplombe la rue Jean Jaurès, on voit les rails de tram, les passants, une fille qui mâche un chewing-gum en passant un appel ("du coup t'y vas ou pas toi ? Ouais, chepa, mais vazy jte dirai"), un vieil homme qui va faire ses courses, les magasins, la banque, les poteaux, les feux. Il y a quelque chose que j'aime, chez ces escaliers.
Je suis sortie. Il fait froid. Je marche dans la rue. J'écrase le sol de mon pas lourd. La tête baissée, j'avance. Une dame me bouscule, alors elle s'énerve. Elle me crie dessus mais ça ne m'atteint pas. Une des dernières feuilles de l'arbre au dessus de moi s'évanouit. Elle hurle toujours. Elle porte une écharpe à pois mauve et fushia et un bonnet vert kaki. Faute de goût. Elle agite ses bras tellement fort que l'air qu'elle dégage m'enrhume. Elle s'en va en marmonnant quelques insultes. Je suis sortie. Il faisait froid.
Photo Personnelle
Le ciel bleu
Imperceptible
Lance la lumière sur la façade
Nostalgie oui
Tristesse un peu
On croirait se noyer dans les cieux
Dans l'infini des souvenirs
Donne envie de recommencer
D'un autre côté l'ombre
N'est pas ténébreuse
Mais se fait doucement
Souligne la gouttière
Usée par les années
On se croirait hors du temps
Le ciel est comme un linge
Qu'on aurait étendu avec soin
Recouvrant tout le pays
Après-midi d'hiver
Arbres voulant s'accaparer le ciel
Mais restent immobiles
Menaçants
Un nuage ne s'impose pas
Comme un mirage
L'insolente pie
Vient et s'en va
Au loin un corps s'allonge
La robuste cheminée
Ainsi que les tuiles
Deviennent un manoir
Le temps
S'est arrêté
Mais rappelle
Celui qu'on a passé
Ton absence pèse et creuse un trou en moi. Une plaie béante, à vif. Un corps déchiré et meurtri. Meurtri par ta figure disparue. Disparue pour quelques jours ou pour quelques éternités, ça je l'ignore. C'est le fait de ne pas savoir qui me terrifie. Je ne sais quand arrivera le jour béni où je reverrai ton image, au loin, ou près de moi, à mes côtés.