Centon - Lou Raoul
j'avance dans la reconnaissance, ce n'est pas si facile, je vois de la lumière, l'aube m'ouvre les yeux fatigués, et la mer que je remplis, je ne sais plus qui elle est, depuis qu'y poussent entre les mots ces fleurs étranges et inconnues, des douleurs, des secrets
je pose des pas dans le ciel tombant, juste un peu de silence, puis des ailes dans mon dos, c'est quoi cette course lente qui me mène mine de rien, tous ces mots impossibles, et puis ces gestes-là qui me disent tu es vivante
il y aurait d'autres hivers d'autres jours d'autres lumières à aller voir ailleurs si j'y suis, parfois ça prend du temps de partir, parfois ça prend la moitié d'une vie, je ne me tais pas, comment respirer, boire plutôt toutes tes paroles à ouvrir ma vie, chacun se sourit de temps en temps, juste là, ce n'est rien, un silence chaleureux, je prends mes aises avec le matin avec le soir aussi et les journées passent entre, bonheur ouvert où se reflète la solitude ou le doute
puis la bretelle d'accélération, je n'ai pas de mots à mettre sur ce désert ou cette lenteur, tu et je, se déplace, le train du temps est là qui ne s'arrête pas
je fais comme si j'y crois, dans le noir je pleure, chamboulis de ma vie, que je me perde ailleurs et enfin que je renonce à me cerner, tu es sous mes yeux, trouble troublant, une moi ignorée, mon avenir un tournant un méandre un virage en épingle à cheveux
ne pas savoir, chaque fois un peu plus, maux mots, tous les cadrans du temps qui est lent, un endroit pour sa vie d'elle, qui ne sont qu'emmêlements de fatigue et de déception, bla-bla-bla-bla-bla-bla-bla-bla-bla, un fossé au-dessus duquel aucun d'entre eux deux ne pose de planche, adieu, la sirène d'une ambulance se déplace, ne t'inquiète pas je ne t'abandonne pas, c'est pas un jeu, je n'ai plus les clés, je lâche, faut que je pleure un peu, c'est boomerang tout compte fait
la parole en glaçons brûlent des lettres des mots des phrases...
sources : traverses, Lou Raoul ; image