i-voix aux mains d'argent - Florilège 1 2014-2015
Effraction, immersion, contraction, dilatation, substitution : tout au long de l'année, les lycéens d'i-voix ont aimé couper-coller-insérer-remplacer... dans des oeuvres variées.
A la manière des cut-up de William Burroughs, des cadavres exquis surréalistes, des centons oulipiens, des MashUp vidéos, ils explorent ainsi, à l'ère du numérique, une façon originale de s'approprier des textes littéraires et d'en créer de nouveaux. Cette activité, ludique et pédagogique, permet de comprendre de l'intérieur l'univers d'un auteur, de faire résonner en soi ses mots, de partager les sensibilités et les imaginaires, de travailler la langue, de faire jaillir de soi des éclats de poésie. Alors peut-être la littérature retrouve son pouvoir de vibration et de façonnement.
Saurez-vous reconnaître les oeuvres qu'ils ont ainsi goulûment dépecées, chirurgicalement charcutées, poétiquement électrocutées ?
-
apprendre les mots quand nécessaire
-
n'effacer que pour retranscrire le silence
-
encombrer les mots pour faire place nette
-
ne saboter que de l’intérieur (forme et manière suivront)
-
non pas accéder à l’innommé : à petites touches répétées faire qu’il s'efface
-
s’obstiner jusqu’au lambeaux (conviendrait aussi le chaos)
-
crocheter les portes une à une (et demeurer debout le long du couloir)
l'empreinte
de silence
que survole
la cendre mêlée
à l'impasse des rêves
creuse déjà
l'hivernage désert
rauque presque d'être
Elle dans sa forme anodine
il ne reste plus que le jeu des mouches
presque racine
les lampes éteintes
la venue du matin, mes mots sur tes pointes
sur mon ouvrage de miettes
ce territoire où nous travaillons
détonne
avec une application d'acier
à quoi sans jamais rien céder
elle savonne sa bouche
je dépose ma dernière encre
Requête embrumée
urgence sourde
me voilà contrainte
d'étreindre le vide
d'éteindre le vertige
- penser à prendre du recul, tu t'assiéras un autre jour
- penser à toi, mais ça n'a rien à voir
- penser à prendre un instant pour réflechir
- penser, ne plus penser qu'à toi, comment te joindre
dans la nuit bleue
de cendres de rêve
la voix croisée
avec le ciel
ouvre les ponts
sèche l ' eau des rivières
sans limite de couleur
noche noche noche noche noche noche noche noche noche noche siempre
le murmure
le soupire du chant sur mes cheveux
noche noche noche noche noche noche noche noche noche noche siempre
baiser blesse peau voix veines sang
le chant sur son corps
noche noche noche noche noche noche noche noche noche noche siempre
J'avais souvenir
d'un monument étrange.
J'avais souvenir
de votre sourire,
douceur
avenante.
Religion
était relation
de contradiction
entre nous.
Nous avons jadis
pris pur plaisir
aux effleurements
de souffles,
aux délicates
conversations
de presbytère.
Oh William !
J'avais souvenir.
Nouvelle aguicheuse au coin du monticule
Par une nuit d'hiver
herbes folles
d'un vol plus imprévisible
je raclais la terre
Par une pluie d'été
des branches
de son cœur archipelagé
je laisse le sang
Je te vois dans les airs
vêtu des mes paroles
Je pars pour un voyage qu'on ne fera pas
Intacte de cruauté, la vague s'étire, rien pour me retenir, jazz fou brûle ton sourire photographié des pages à aligner.
Il faut perdre la mémoire
il faut oublier
les noms
j'ai trop levé
les yeux vers le ciel
le poème est ma soif
le poème se déplace chez moi comme un cavalier
dans la grange encrière
de chaque mot
je fais une oreille
à l'écoute du monde
je marche dans le vent de l'histoire
et je me tais je me tais.
Naufragés d'eux-mêmes
et la flamme offerte,
tu cherches la sortie
et je roule sur un tapis de bulle
du noir sans noir
pas de seuil pas de porte
sans mains et sans filets
clochard sans vin
est parti
de la lumière et de la liberté
l'adresse de l'inconnu sans chemise
pris au piège du clair-obscur
ne cherche pas le fil
pleure ses ailes d'or
et les mots sont restés collés pour toujours