Autoportrait à travers un objet - Magnus
Un matin comme tous les autres. Je me lève, prends un café, dis "à ce soir" à ma femme et mes enfants puis je pars prendre le bus. J'arrive à l'accueil du boulot, salue les secrétaires. Je rentre dans le secteur reprographie, je discute avec un peu avec mes collègues. Encore une fois, les titans d'acier prêts à avaler et à recracher le papier que je leur donnerai m'attendent. Ils attendent, certes, mais d'abord, on allumeles ordinateurs. Impossible de travailler sans vérifier au préalable qu'il n'y ait pas de boulot en plus sur la boîte mail. Rien aujourd'hui... ou plutôt pour le moment. Maintenant, je mets de la musique. Du metal le matin, ça réveille. Je prépare un café et c'est parti pour lancer les machines.
Dès le début de la journée, professeurs, élèves, directeurs de services et doyens arrivent pour demander des photocopies, certains à la dernière minute. Et ainsi se poursuit la matinée, dans un torrent de copies, de classeurs et de metal. Enfin arrive la pause méridienne. Tiens, ma femme ammène un de nos enfants au travail. Ah, mais on est mercredi. Déja mercredi. Bon, du coup je fais manger le petit, je le laisse un peu jouer avec le carnet que je lui ai fait. Une fois ce moment de calme terminé, c'est reparti pour le tourbillon de travail, de gens, de bruits mécanniques et autres éléments de mon quotidien. Ma femme revient chercher le fiston. Je les vois partir puis je continue le travail. Encore des personnes qui demandent des photocopies de dossiers de trente pages en triples exemplaires au dernier moment. Bon, je fais ça aussi rapidement que possible. Mais elles se plaignent que je sois de lent plus! Vous n'aviez qu'à venir plus tôt! Restons calmes et polis, inutile de s'énerver.Encore et toujours plus de demandes, pour la plupart avec du retard. Beaucoup se plaignent soit de ma musique, soit de mon allure ou encore que je les fasse attendre à cause de leur irrespect envers mon travail.
Fin de la journée, le sang tape dans mes veines. Je vois mes veines saillantes sur mes mains. Je prends une pile de documents et m'approchede cet engin qui calme les esprits agités et colériques: la déchiqueteuse à papier. Je mets les premières liasses de papiers à l'intérieur et je savoure le doux bruit de la destruction, de l'anéantissement, de la désintégration. Alors, avec plus d'entrain cette fois, je mets dans cette bouche métallique meurtrière d'autres documents qui fnissent, eux aussi, broyés, déchiquetés, pulvérisés. Enfin libéré de toute ma rage grâce à cette destructrice de haine, cet engin plus agréable qu'un massage après une rude journée de labeur harassant dans cette reprographie.
Si j'ai choisis la déchiqueteuse à papier pour objet me ressemblant, c'est parce que, comme elle, lorsqe l'on me donne des informations, des documents, lorsqe l'on me donne un savoir quelqu'il soit, je le coupe en morceeau, le mélange avec d'autre, le transforme pour finalement l'oublier. Pas bien grande, souvent vide à l'intérieur, elle ne garde rien de ce qu'on lui a donné.