Vers retrouvés - Louise Labé Sonnet XX
Sonnet XX
Prédit me fut, que devais fermement
Un jour aimer celui dont la figure
Me fut décrite, et sans autre peinture,
Le reconnus quand vis premièrement.
Puis, le voyant aimer fatalement,
Pitié je pris de sa triste aventure,
Et tellement je forçai ma nature,
Qu’autant que lui aimai ardentement.
Qui n’eût pensé qu’en faveur devait croître
Ce que le Ciel et destins firent naître ?
Mais quand je vois si nubileux apprêts,
Vents si cruels et tant horrible orage,
Je crois qu’étaient les infernaux arrêts
Qui de si loin m’ourdissaient ce naufrage.
Sonnet XX (version retrouvée)
Prédit me fut, que devais fermement
Un jour aimer celui dont la figure
Me fut décrite, et sans autre peinture,
Le reconnus quand vis premièrement.
Puis, le voyant aimer fatalement,
Pitié je pris de sa triste aventure,
Et tellement je forçai ma nature,
Qu’autant que lui aimai ardentement.
Qui n’eût pensé qu’en faveur devait croître
Ce que le Ciel et destins firent naître ?
Mais quand je vois si nubileux apprêts,
Guerre de brumes et tant grande douceur,
Souffles mortels, mon si vacillant heur.
Naufrage vient des infernaux sonnets.
Guerre de brumes et tant grande douceur,
Souffles mortels, mon si vacillant heur.
Vient le naufrage des infernaux sonnets
Naufrage vient des infernaux sonnets.