Contraction - Louise Dupré
la douleur est un volcan
mal éteint
comme si c'était la main
d'un soldat qui avait suivi
les ordres
même si tu ne reconnais plus
ton monde
les mères ont la foi
après une catastrophe
sans témoins
tu n'entends plus le cri des couteaux
pour te nourrir
sous l'oeil affamé
des prédateurs
les ombres pliées
des peuples
sur la corde calcinée
des mots
qui veut faire pourrir
la main du bourreau
tu veux voir là où les visages
ressemblent encore
à des visages
avec l'espoir de trouver
une fosse
à l'infini des deuils
sous la poussière
peu importe la possible
vengeance des vents
ou des volcans
tu essaies en vain de te rappeler
de garder des lèvres
bien soudées
sur la douleur
tu es humaine
et l'humanité ne demande
qu'à se réfugier
en espérant toucher
dans l'innoncence des herbes
qu'on dit mauvaises
semblable à l'enfant
que tu endors de nouveau
dans tes bras maigres
ou devant les pierres
tombales
rouge sanglot, rouge
crucifié
l'enfant voit déjà
des terreurs
lorsqu'on ne peut plus voir
Auschwitz se découper
comme une nature morte