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Publié par Valentine

Littérature - Maryse Condé nous dit tout !
Littérature - Maryse Condé nous dit tout !

 

REPORTAGE – LES PLUMES HISTORIQUES DE TITUBA MAGAZINE

Vendredi 21 Mars, 1987

 

 

MARYSE CONDÉ

(interview imaginaire exclusive)

 

« Le rire est le premier pas vers la libération. On commence par rire. On rit donc on se libère. On se libère donc on peut combattre. »

 

 

A l'occasion de la publication de son nouveau roman historique Moi, Tituba sorcière... Noire de Salem, Maryse Condé, auteure engagée, nous en dit plus sur le message qu'elle a voulu faire passer, les enjeux de son œuvre, la part de mystère et de réel etc... Elle nous parlera également de son personnage Tituba, véritable figure de courage.

 

__________________________________________________________________________

 

 

JADE COBEN : Bonjour Maryse! C'est un honneur que vous vous livriez à notre rubrique.

 

MARYSE CONDÉ : Bonjour Jade, de mon côté je suis ravie d'être ici.

 

JADE COBEN : J'aimerais vous poser quelques questions à propos de votre nouveau roman. Je suis certaine de ne pas être la seule à m'interroger ! Tout d'abord, quelles ont été vos motivations pour l'écrire ?

 

MARYSE CONDÉ : Il faut que j'ai une raison puissante pour écrire quelque chose. Et c'était le cas, j'en avais une. Le racisme a donné naissance à un monstre redoutable : l'esclavage. Je voulais absolument qu'à travers le personnage de Tituba le monde puisse voir à quel point cet acte est ignoble, totalement inhumain. Tituba est toujours blâmée, comme l'on était des millions d'esclaves. Aujourd'hui, il existe encore et toujours du racisme et de l'esclavage à travers le monde, son abolition n'est pas universelle malheureusement. Tout le monde n'a pas l'esprit ouvert... Et c'est bien triste. Je voulais écrire sur ce que Tituba ressent et endure quand on la traite telle une personne inférieure dans la hiérarchie de la société. Je voulais donner un aperçu de l'horreur que ça a été. On peut maintenant nous donner le nombre de morts causés par l'esclavage mais ce sont que des chiffres ! Au final, ils ne résument qu'une toute petite partie de ce qu'a été cette époque sombre. Non la vraie puissance se trouve à travers les mots.

 

JADE COBEN : La force de votre roman nous le prouve. J'ai eu moi-même plusieurs fois les larmes aux yeux. Vous vous identifiez donc à votre héroïne Tituba ?

 

MARYSE CONDÉ : Oui c'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai écrit à la première personne. Le choix du « je » ou du « elle » ne s'est pas joué à pile ou face. Je l'avoue, je me retrouve à travers Tituba. Nous sommes toutes les deux des femmes pleines de volonté et de détermination mais qui peut tourner vite à l'obstination (rires). Il faut savoir que cette femme a réellement existé et j'ai toujours été très admirative devant elle.

 

JADE COBEN : Effectivement, nous avons vu son courage lorsqu'elle a défendu son innocence durant le fameux procès des Sorcières de Salem. D'ailleurs parlez nous de cette épisode : quel est votre ressenti sur cet événement ?

 

MARYSE CONDÉ : Je pense qu'il faut une grande force d'esprit pour parvenir à mentir comme l'a fait Tituba au risque d'y laisser sa peau. A elle seule, elle est parvenue à faire régner la confusion et l'hystérie la plus totale. Dans un passage du roman, une conversation entre elle et un quimboiseur la fait s'interroger sur ce qu'il se serait passé si elle avait dénoncer tout le Massachusets. Malgré toute la haine qu'elle peut ressentir, malgré tout ce que l'on lui a infligé, elle ne parvient pas à le faire et c'est tout à son honneur. Elle fait donc preuve d'une grande bonté envers ses bourreaux. Il faut préciser que je n'ai rien inventé de son interrogatoire : ce sont des extraits de la véritable déposition de Tituba.

 

JADE COBEN : Bien entendu. En outre, vos références à la sorcellerie sont omniprésentes dans votre roman. Y a-t-il une part de réel dans les apparitions presque fantomatiques de sa famille ?

 

MARYSE CONDÉ : J'ai essayé de faire planer le mystère en ce qui concerne les moments où Tituba parle avec ses défunts proches. Elle a appris bon nombre de choses sur la sorcellerie, en particulier sur le vaudou grâce à Man Yaya et je laisse l'imagination des lecteurs faire son travail pour distinguer le vrai du faux de ces apparitions. Cependant s'il y a bien une chose qui est vraie, c'est les événements qui se sont déroulés à Salem et la condition des esclaves à cette époque.

 

JADE COBEN : C'est toujours plus excitant de laisser une petite part de mystère ! Toute mes félicitations d'ailleurs, j'ai entendu dire que vous avez reçu un prix quel est-il ?

 

MARYSE CONDÉ : Merci à vous, en effet j'ai reçu le Grand Prix littéraire de la Femme : prix Alain-Boucheron pour mon roman. C'est honneur et une belle surprise !

 

JADE COBEN : Ne soyez pas modeste, votre roman est sensationnel vous méritez amplement votre prix ! En tout cas, c'était un plaisir de discuter avec vous !Je vous remercie de nous avoir accordé de votre temps et de nous avoir éclairés, moi ainsi que vos fervents lecteurs.

 

MARYSE CONDÉ : Le plaisir est partagé Jade ! Je vous remercie également et qui sait ? Peut-être vous reverrai-je à l'occasion d'un prochain roman.

 

Source image

 

(Interview fictive réalisée dans le cadre du projet pédagogique Tituba Magazine)

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G
Tu as un sacré talent d'écriture ^^ (pourquoi l'interview semble être un domaine tu me semble exceller? A cause de la littérature en anglais peut-être ? X)). En tout cas, très bon article. Maryse Condé reviendrais parmi lire ton article, je suis sur X).
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V
C'est probablement à case de ça haha xD Merci Guillaume c'est très sympa :D
L
Très bonne interview ! On pourrait presque croire que c'est vrai ;)
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V
J'ai essayé de rendre l'article aussi véridique que possible ;) merci !
L
Super interview! On dirait même qu'elle est vraie et que tu as réellement interviewée Maryse Condé, bravo Valentine!
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V
Merci Laura - Louise ça me fait plaisir ! :D