i-voix aux mains d'argent - Florilège 9 2014-2015
Effraction, immersion, contraction, dilatation, substitution : tout au long de l'année, les lycéens d'i-voix ont aimé couper-coller-insérer-remplacer... dans des oeuvres variées.
A la manière des cut-up de William Burroughs, des cadavres exquis surréalistes, des centons oulipiens, des MashUp vidéos, ils explorent ainsi, à l'ère du numérique, une façon originale de s'approprier des textes littéraires et d'en créer de nouveaux. Cette activité, ludique et pédagogique, permet de comprendre de l'intérieur l'univers d'un auteur, de faire résonner en soi ses mots, de partager les sensibilités et les imaginaires, de travailler la langue, de faire jaillir de soi des éclats de poésie. Alors peut-être la littérature retrouve son pouvoir de vibration et de façonnement.
Saurez-vous reconnaître les oeuvres qu'ils ont ainsi goulûment dépecées, chirurgicalement charcutées, poétiquement électrocutées ?
j'ai besoin d'un attrape-rêves
pour atteindre celle
qui s'évapore dans les songes
qui atteint sans atteindre
le seuil des secrets fantomatiques
et le goût du chagrin
limon des pensées nues
et fragilité
du souffle
Vie
ronge mes os.
Mourir de froid,
j'aurais pu :
glace me ronge
les rotules.
Bientôt,
il ne restera
rien.
Poussière d'os
s'en va voler
au vent de mer.
Que la vague
qui de mes pieds
à mes dents secoue
frêle édifice.
Je survis,
(j'imagine)
entre chacun
de mes doigts
Dans l'attente
allongée sur le tapis
tout ce sentiment de pluie
dans le vide
la peau sous les ongles
compter jusqu'à cinq
l'un l'autre --- dans le cercle le plus fin
l'heure est trop dure
l'espace détruit
je nous enferme dans l'illettrisme.
une maison blanche - d' une maison blanche - un morceau de temps - un hiver - de l'intérieur - quelque chose se fissure - le temps le lieu la question - un carré noir - ici quelque part entre une voix et un corps absent - un nuage près - de blocs décalés - boucle de mots suspendus - reprise du mot alignement de blancs et - silence - sur son visage - comment le vide remplit l'espace de blancs - se poser la question de la perception - tout se bouscule.
je dépose ma dernière encre
le corps plein de charabia
elle dans sa forme anodine
pelote ma reine
presque racine
on se rencontre très bas
sur mon ouvrage de miettes
dans les terres de pollen
détonne
quelques jours dans le pain d'épice
avec une application d'acier
à mimer l'épine et la chair
elle savonne sa bouche
L'oubli ne pourra dérober ni
la fin des rancunes
la roue à aube des mots
ni le grésil poudrant les petits vergers obliques.
Le soir est maintenant devenu
juste assez de frayeur
juste assez de lueur
pour qui ne dort ni n'oublie
dans l'immense dortoir effondré d'étoiles
malgré la détresse
et le glissement tressé de l'eau
vers l'aube
où balancent des arbres
dieu qui couve comme un feu.
Attendre cela dont nous ne savons rien.
arraché à l'autre, un lambeau d'illusion, haillon d'un bonheur, brisure de l'espace, charme déraciné d'une bribe étrangère, écorchures changées en lanières d'espoir brûlées par les cendres chaudes d'une absence, clouées aux chimères d'une portion de seconde l'aveuglement banni, nos morceaux séparés il ne reste plus q'une esquisse du passé débris identiques extirpant nos mirages une larme de sang coulant sur notre joue sur ce sentier, la solitude est reine, silence
la voix révélateur de territoires invisibles - je me suis égarée le visage la voix disparue - je pose la question - tu dévales le silence à une vitesse incroyable - et loin très loin le vide porte un nom
Sang et voix,
épaules,
joue dorée,
vous êtes l'en moi-même,
meilleure part
de ma définition
au monde
quand d'aventure
ne m'enfuis pas