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Publié par i-voix

Florilège - Créations personnelles 2014-2015 2

 

Tout au long de l'année 2014-2015, les lycéens d'i-voix ont partagé en ligne leurs propres créations. En voici quelques exemples.

 

 

A-t-on jamais été libres

de nos sortilèges ?

 

Ou ne sommes-nous que

des circonvolutions de bulles

crevant la surface de la peur ?

 

(Morgane)

 

 

Le ciel désert enfin : holorime

 

le "si elle" des errants feint
il feint de connaître leur futur
il feint de leur donner l'espoir d'un demain moins froid
"si elle revient..." commence l'âme en peine
"si elle part..." ajoute le bientôt vagabond
et elle ne cesse de jouer avec les fils
faisant de ces victimes des jouets
puis se saisissant de ciseaux, ouvre la porte au "si"
bien heureux d'entrer enfin en scène
et d'être le seul recours de ceux qui errent
mais
toi, spectre peiné
prends garde
car le "si elle" des errants feint

 

(Brenda)

 

Florilège - Créations personnelles 2014-2015 2

 

Sous un grand ciel gris, je suis trois grands amis. Ils marchent sur un petit chemin, sans bien, sans rien. Chacun d'eux transporte un passé bien lourd, mais aucun ne se plaint de cet ancien temps qu'ils traînent depuis si longtemps. Je les observe, ils sont tel une peinture sans envergure. Je demande à ces marcheurs où ils se rendent. Ils ne savent pas, leur seule réponse: "Nous fuyons la pluie" je leur demande pourquoi. En chœur ils me répondent : "Approche avec prudence, si quelque gouttes de pluie tombent sur le sol, elles transperceront le terre, son épaisseur et sa douceur, avant d'atteindre le centre, au fin fond du cœur, au fin fond de la terreur." Ils s'éloignent, loin de leurs crimes et des abîmes tandis que je m'obstine à déchiffrer leur mystère.

La pluie tombe. Une irrésistible indifférence s'abat sur notre monde. C'est la fin. Quelques gouttes de pluie rouge tombent sur nos corps inertes. L'ombre des marcheurs traverse le monde. Elle transperce la terre. Elle coule, tombe et s'écrase au fin fond de la terreur.

 

(Hannah)

 

 

tu suis
le chemin
de la
désillusion
fractionnée
démembrée
broyé à raison d'une fois toutes les saisons
et revitalisée chaque printemps pour que recommence la ritournelle
le temps d'une danse moqueuse
au rythme des notes gangrénées
de la rouille infâme qui semble
épouser les sinuosités agonisantes des
médisants sur le bord de la carcasse d'ores et déjà fébrile, en attente
en attente d'une quiétude insensée peut-être
mais le sens meurt chaque jour un peu plus, s'agite dans le tombeau pour
aiguiser l'esprit, lui en éteindre les
failles vibrantes de lueurs stellaires
qu'on déclenche à la risée des maîtres d'un monde
fou, ce monde.

 

(Logan et Brenda)

 

 

   Complainte d'un K

 

   K, c'est moi. Je vous l'assure c'est bien moi... sur la photo juste en haut là. Je crois... Je crois mes nerfs désemparés, je crois mon esprit tout tordu et mon corps tout penaud qu'on ne le salut pas quand Monsieur le bon soleil daigne à faire flamber ses plus belles courbes sous le nez des lecteurs. J'en suis arrivé à un stade ou il m'arrive de me remettre en question... Suis-je vraiment fait pour être un K ? Aurai-je été... adopté ? Alors de quelle contrée pourrai-je bien provenir ? Pour tout vous confesser, je suis envieux, envieux de mes confrères et consœurs L et J avec qui je maintiens plaisir ,et cela depuis de nombreux siècles maintenant, à partager le même petit palier d'un immeuble fort grand et pourtant fort étroit. J n'est pas très bavard mais très honnêtement c'est une brave lettre, comme on n'en voit peut aujourd'hui, elle s'amuse à me raconter comment on la confond avec G et je ne cesse de compatir puisque j'ai ce malheur d'être trop souvent confondu avec Q ou encore C, avec qui, je peux vous le dire, j'entretiens des relations plutôt conflictuelles... L quant à lui est souvent dans la lune, une lettre ailée qui malgré sa lumière habile et géniale reste trop mal-aimé par l'ensemble du peuple hostile et malveillant qui se mélange et se mêle au sein de l'illustre hôtel banlieusard alphabétique. L est très populaire, et il est assez courant, assez peu original de l'envier, pour sûr ! Mais ne se rencontre pas à mon égard une impression d'abandon... Non je pense ne pas être complètement détesté de tous. J'ai un peu l'impression de faire partie de ce genre de lettres qui servent des mots simples et infantiles... Kiwi, Kawai, Kebab ou encore Koala... Je ne suis pas une lettre très exploitée par les intellectuels et cela est fort désolant, mais je ne puis y faire grand chose... Bref, on s’égare, on s'égare du comment, du pourquoi de tout ceci.

   Je suis dans une période, ou mon corps change sensiblement, A reste A et et O reste O, mais moi, je ne sais pas trop ce que je suis en train de devenir. Je me sens toujours K, mais pourtant... Pourtant les gens dans la rue ne me reconnaissent plus forcément, alors on me mire de loin à grands coups de regards inquisiteurs et bien avares de détails. Seulement, moi, j'en suis incapable, de donner des détails ! Je suis une lettre timide, je ne fais jamais le premier pas, et il y a toujours quelqu'un pour me présenter : « et bien ça... c'est K... », alors le malaise se forme, je prends sur moi et essaie de ne pas rougir, pas simple comme dirait l'autre ! Non plus sérieusement, je crée des conflits, des débats, des problèmes... J'ai un peu l'impression d'être comme un boulet attaché, on ne sait trop pourquoi ni comment, à la jambe de celui qui m'écrit. Sans trop le vouloir, je choppe les nerfs de mes lecteurs et en fait de la verrine en m'aidant d'un Blender dernier cri. Qu'on me fasse le procès de ne pas... de ne pas me ressembler provoque en moi des pulsions de colère et de discorde intérieure qui résultent en général en une bouillie sonore et buccale, que peu comprennent mais que beaucoup moquent.

   Imaginez qu'on remette votre identité en cause, tout le temps, qu'on vous décrie comme étant une copie infâme et hideuse de vous-même, qu'on vous montre du doigt sans cesse en accompagnant au geste un de ces petits rires mesquins et vexants qui fait de vous une victime... Parce qu'au fond, je suis une victime ! Je n'ai pas vu de lettres plus martyrs encore que moi.

   «Mais tu ne ressembles pas à K ! », et bien je vais vous dire quelque chose... Allez au diable ! Oui, j'ose vous cracher à la gueule, minables que vous êtes, avec vos lettres bien formées et correspondant si bien aux conventions alphabétiques ennuyeuses qu'on apprend aux petits gamins de maternelle, ces mêmes élèves qu'on punit si une seule des courbes s'échappe un tant soit peu de la métrique de base. Si il y a une logique, moi cette logique je la blâme de toutes mes forces ! Si c'est avec la logique qu'on réussit dans la vie, et bien qu'on aille jeter ensemble les lambeaux de ma vie dans les abîmes de la déraison !

   Peut-être je m'emporte, mais aujourd'hui, en cette belle journée de Mars qui voit le soleil gémir et le vent caqueter un peu, je vous demande une faveur, celle de, peut-être, vous montrer un peu plus indulgents à mon égard, de ne pas me regarder différemment de mes voisins et voisines les autres lettres, de me traiter comme elles, qu'il n'y ait plus d'injustice, que tolérance soit le maitre-mot de vos paroles.

 

(Logan)

 

 

Poémathématique ? / Mathémapoésie ?

Qui a dit que les cours de maths ne pouvaient pas servir d'inspiration littéraire ?

 

 

Nous sommes tous des identités remarquables dans cet intervalle parallèle.

Triste équation que celle

du temps et du soleil

dérivée du poivre des étoiles.

 

Le cercle inscrit au fond de mon iris

sur la cimaise des soupirs

pulse d'une sourde peur

Autour de mes poignets s'enroulent les racines

violacées des souvenirs vecteurs.

 

Les nervures ambrées du ciel se ramifient

colinéaires des brises crépusculaires,

sages comme un tourbillonnement d'aurore,

un maelström de lucioles d'or

à la belle ampleur scalaire.

 

La translation des âges discriminant les racines,

on sent souvent monter, des ramures des vieux pins,

lourdes, immémoriales, sablées de gouttes fines,

un profond parfum d'enfance et de lendemains.

Cette respiration, venue de ressacs lointains,

se niche comme un écho au creux de ma poitrine,

juste sous l'hypoténuse des côtes, doucement,

et m'enivre d'un rythme retrouvé, soudain.

L'angle polaire fond délicatement,

de tous millésimes,

tous azimuts

sans chemin de retour :

le dégel a commencé.

 

Et je vois le monde comme

- je vois l'univers des résultats possibles -

je vois le monde comme à travers

un prisme

au léger bris sur une arrête aiguë,

dont les éclisses scintillent ;

je vois le monde comme une étoile décaèdrique

- passée au crible (d'Ératosthène) -

Un hémisphère

capturant les réminiscences de l'aurore

et les latences de l'aube

et les hystérésis de la nuit

 

et étreint tous les vacillants,

 

fixe les vertiges,

 

les éblouissements,

 

illuminés.

 

(Morgane)

 

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