Transformation - Michaël Glück
Ceci est une transformation du poème 100 papiers, écrit au départ en prose sans ponctuation.
papier
papiers
papapiers, mamapiers
papiers avont perdu pieds sans papiers, sommes
sommes une somme de papapiers
sommes une somme de mamapiers
sommes
sommes pas
sommes assomés
sommés de donner papiers de papapiers et mamapiers
sinon
ne sommes pas qu'il disent ce qui nous somment
et nous assènent que ne sommes pas
veulent tout savoir de nous
qui ne savons pas demain
mon nom est demain
dit l'un.
mon nom est sans lendemain
dit l'autre.
avons perdu pieds
nous ont pris sous les bras pour nous porter
nous déporter
nous expulser
la mère l'avait qu'à pas qu'ils disent vous expulser
qu'il disent vade retro
qui disent tous ceux-là
qui parlent au nom de
au nom de
nos noms
et pourquoi qu'ils veulent nos livres
de papiers
ils ont l'âme si froide qu'ils en font un feu
ils nous brûlent pour se réchauffer
je m'appelle lumière
dit encore l'enfant, qui saute dans la marelle
avec enfer
plus grand que ciel.
chaque matin voit
dans l'aube
un visage
sans
papiers
la brume est déchirée par les contrôleurs chaque matin
dans la vitrine d'un boulanger est posée
la tête de
l'étranger.