Réécriture - Pierre de Ronsard : Madrigal
(parce qu'il me restait un peu beaucoup trop de temps après avoir terminé le commentaire du bac blanc, et parce que les poèmes du corpus m'appelaient sur le sujet, de leurs petites voix désespérées - si, si, c'est vrai )
Si c'est écrire, Messieurs-dames, et de jour et de nuit
Rêver, songer, penser le moyen qui libère,
Oublier toute osmose, et ne vouloir se taire
Que pour le silence et décrire la beauté de la nuit ;
Si c'est écrire que survivre au bonheur que l'on fuit,
De me perdre moi-même et quête solitaire,
Souffrir beaucoup de râles, beaucoup craindre et me taire,
Pleurer, souffler merci, et respirer poésie ;
Si c'est écrire de vivre en encre plus qu'en moi-même,
Cacher un air fiévreux sous une pâleur extrême,
Sentir au fond de l'âme un combat sans final,
Chaud, froid, comme la répartie vive qui volette,
Heureuse, parlant à vous, de confesser mon idéal ;
Si c'est cela écrire, rieuse, j'aime,
J'aime écrire, et sait bien que mon élan est bal.
L'écrit le dit assez mais la langue est muette.