Voix poétique - Anjela Duval
Anjela Duval, poétesse bretonne née en 1905, fille de cultivateur elle reprend la ferme familiale en1941 après le décès de son père, elle ne se mariera jamais et vivra entourée de ses bêtes dans sa ferme de Traoñ an Dour dans le Trégor.
Son oeuvre (entièrement écrite en breton) aborde des thèmes tels que la nature, l'écologie, la nostalgie d'une Bretagne bretonnante qui disparaît. Elle commence à publier en 1960 notamment dans la revue en breton "Al liamm". Anjela Duval deviendra une icône du mouvement culturel breton des années 1970 et recoit la visite de nombreux chanteurs tels que Gilles Servat ou encore Alan Stivell. Elle meurt en 1981 dans sa ferme de Traoñ an Dour qu'elle aura refusée de quitter malgrés ses problèmes de santé.
Poème d'Anjela Duval :
Si j’écris à l’ombre de ma lampe
Des vers maladroits et creux
Avec ce petit outil mal assuré dans ma main lasse
Si j’écris le soir au dos d’enveloppes
Des poèmes humbles : camelote
Où l’on ne trouve que des fleurs sauvages…
Et quelques miettes d’amour.
Car tout cela je le fais pour ceux que j’aime.
Mais j’écris, moi, d’autres poèmes
Et ce n’est pas à l’ombre de ma lampe
Mais à la lumière du soleil
Ce n’est pas au dos d’enveloppes
Mais sur la poitrine nue de Celui que j’aime
Sur la peau nue du Pays que j’aime
Ce n’est pas avec un outil que j’écris
Mais avec des instruments d’acier.
Je ne parle pas de lance ou d’épée
Mes instruments sont de paix et de culture.
Je n’écris pas des vers de douze pieds
En comptant sur mes doigts
Mais de douze fois douze enjambées… et plus.
Mes vers, je les écris avec l’acier tranchant de ma faux
Andain après andain dans les cheveux blonds de mon Pays
Le soleil en fait des poèmes aromatiques
Que mes vaches ruminent pendant les nuits d’hiver
Mes vers je les écris avec le soc de la charrue
Dans la chair vivante de ma Bretagne, sillon après sillon
— J’y dissimule des graines d’or —
Le Printemps en fera des poèmes :
Mers d’émeraude ondulant dans la brise
L’été en fera des étangs d’épis
Le vent d’août les mettra en musique
Et le chœur de la batteuse me chantera
Les journées ardentes du huitième mois
Les journées de peine de poussière de sueur.
Mes Poèmes sacrés et… méprisés !
Janvier 1966
Barzhonegoù-noz_Barzhonegoù-deiz
Ma skrivan ouzh skeud va c'hleuzeur
Gwerzennoù digampost ha goullo
Gant an ibil munut-mañ diasur em dorn skuizh
Ma skrivan da noz war gein goleier lizhiri
Barzhonegoù dister : brizhvarc'hadourezh
Na gaver enno nemet bleunioù gouez...
Hag ur vruzhunenn karantez.
Rak kement-mañ a ran evit ar re a garan