Poésie - "Parler c'est comme mourir"
Les mots
Le bleu. Le bleu engloutit tout.
Le bleu furieux engloutit les hommes
les voiles et les nuages.
Le bleu tranquille surplombe la plage,
là où j'ai échoué, sous ce dôme
Le ciel et la mer envahissent tout.
Les bateaux, les matelots, les chaloupes coulent,
Et je me perds sur une terre rouge
Les mots sont mes uniques vêtements
Narcisse, comme un pull réconfortant,
Saint-Paul autour du cou, Pelletier pour toute vouge
Seuls les mots me retiennent, comme des pierres qui roulent.
Mais le bleu emporte tout. L'espoir, la peur et
Le langage. Dans les flammes du camp brûlent les mots.
Dans le vent s'envolent les mots.
Narcisse coule avec eux sous les flots.
Ne reste qu'Amglo.
Pour tenir
à distance
la souffrance
le manque et l’absence.
Je n'est plus seul
Je n'est plus
Qui est-ce qui n'est plus ?
Je deviens Autre.
Je n'est plus seul
Avec eux
et le silence
naît Amglo
meurt le matelot.
Mais voilà
qu'on l'exhume.
On
le prend.
On le vole
au silence.
Les paroles
déferlantes s’abattent
sur celui qui n'est plus moi.
De nouveau, abandonner
son nom, devenir autre.
Redevenir le Je disparu.
Et les mots engloutissent Amglo.
Et avec lui le silence meurt tout à fait
Les mots acharnés et têtus me grignotent l'esprit
comme des fourmis Alors quand on me demande
« Qui étais-tu avant ? » je ne sais dire
Que ce qui n'était pas.
Je tais les mots pour survivre, je dresse un
bouclier de l'oubli. Avant n'existe pas.
Et mes vies s'éparpillent
dans ma fuite éperdue.
Octave, ne m'en veut pas,
Je ne veux pas mourir
une troisième fois.
(Images : créations personnelles avec l'aide du site Tagul pour le nuage de mots)